Pages de carnet, un dimanche à Honfleur…
il y a 2 ans
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Dessin à l’encre de Chine, 21 cm x 29,7 cm, août 2022
Détail
Alphonse Boudard (1925-2000) est un auteur rigolo et logorrhéique.
Toute son œuvre sent le vécu, le crachat sanglant, la guerre absurde, l’abominable vie en collectivité, l’hospice, le sana, le foutre, le cachot et la démerde.
Son regard croque, sa plume gratte, pourtant rien ne frotte. Tout est fluide, troussé, captivant. Des tordus, des branques, des fourgues, des brutaux, des cavettes et des escrocs défilent sans jamais lasser. Tous ont un air de vérité incontestable qui dépasse le pittoresque et la caricature.
Parfois la nostalgie s’en mêle. Alors il devient poignant, pudique, redoutable de sobriété. On pense aux belles pages de Mourir d’enfance, quand il évoque sa mère, ou à Mariette, nouvelle qu’on peut lire dans Les enfants de cœur.
On ne trouvera pas dans ses pages de héros ni de salauds essentiels, pas d’autoflagellation ni d’excuses, mais des circonstances, une verve et le fameux désespoir poli qui fait rire.
Ses livres autobiographiques sont les plus beaux.
Avec quelle aisance sont rendus ces traits de caractères ! On a l’impression d’avoir croisé ou connu ces personnages !!
On ne peut les rater ! Un rayon de soleil et ils prolifèrent. Ils s’étalent aux terrasses, encombrent les rues, se massent aux vitrines. Par chance, à leur insu, ils prennent la pose, se rendant ainsi supportables. Mieux : intéressants. Je les évite, ne touille pas avec eux, mais je les chéris pour ces airs de statues qu’aux coins des rues ils adoptent innocemment. D’autres bientôt seront exfiltrés de mes carnets. Grand merci de votre passage Doris.