On faisait tourner l’obstbrand…

il y a 4 semaines
Freud, Crayon, à peu près 30 x 42 cm, sept 2025

On faisait tourner l’obstbrand depuis un moment quand on a vu Scipion, le chien de l’hôpital de Séville, rajuster ses lunettes. On s’est tus aussitôt. L’autorité naturelle du mec… Il s’est levé. De sa belle voix de baryton martin, que trop de robustos cubains avait abrasée, il a déclaré :

— Les gars, je vais vous dire, telle qu’elle nous est imposée, notre vie, elle est trop lourde…

Il avait vraiment le chic pour casser les ambiances. On allait encore se farcir ses phrases définitives. Ça n’a pas manqué. Il a continué.

— En vrai, elle nous inflige trop de peines, de déceptions, de tâches insolubles, la vie. Pour la supporter, nous ne pouvons nous passer de sédatifs. A force de gamberge j’en suis arrivé, moi, le grand neuro-penseur, à la conclusion que les sédatifs en question sont peut-être de trois espèces. Vous m’écoutez ? En prem’s il y a les fortes diversions, qui nous permettent de considérer notre misère comme peu de chose. En deuze il y a des satisfactions substitutives qui l’amoindrissent. Et pour terminer il y a les stupéfiants qui nous rendent insensibles à l’insoutenable pesanteur de l’être. (C’est bien ça, non ? « L’insoutenable pesanteur de l’être », ça pourrait faire un titre de bouquin). J’ai nommé la coco, le jaja, les tickets à gratter, les réseaux sociaux… Voyez le genre… Il n’y a pas à tournicoter : l’un ou l’autre de ces moyens nous est indispensable. Avez-vous des questions ?
Bien sûr que non. On n’allait pas le relancer. Il savait se relancer tout seul.

Il a repris comme pour lui-même :

— Les satisfactions substitutives, celles par exemple que nous offre l’art, ce sont sans doute des illusions au regard de la réalité mais elles n’en sont pas moins efficaces psychiquement, grâce au rôle assumé par l’imagination dans la vie de l’âme. Les stupéfiants, eux, influent sur notre organisme, en modifient le chimisme. Alors ? vous en dites quoi ? Je crois que tiens quelque chose…
On n’a toujours rien dit. Il s’est rassis, a continué de marmonner. C’était mieux de le laisser dans ses délires.

Nous, on a recommandé des schnaps…

Croquis et crayonnés de nos contemporains en maillot au bord des plages (4)…

il y a 3 mois
Parfois les baigneurs on les attrape au vol
D’un seul mouvement de crayon
Un 6b crayon Bic qui chante un gris lustré

L’œil sent plus qu’il ne voit
La pensée a fondu
Le poignet est souple

La mine guide, entraine la main
(Un dessin raté c’est tout le contraire)
Epouse le rodéo du trait.

Plus tard à la terrasse du café
Avant que le temps ne se renfrogne
On posera des noirs brillants
Au crayon Tombow 5B

Homo-graph Mono 100
(Un peu cher mais ça va, c’est de la balle, envoyez m'en une trousse pour la réclame gratuite)
Crayon, 21 cm x 29,7 cm, juillet 2025
Crayon, 21 cm x 29,7 cm, juillet 2025
Détail
Détail

Lino Ventura et Le porteur d’eau de Séville…

il y a 3 mois
Une cuiller d’essence de térébenthine, une goutte d’huile de lin, une noisette de Terre de Sienne brûlée, papier toilé, 30 cm x 40 cm, 2025, en progression … (Voir l’œuvre)

Dans les années 70 mon père achetait chaque semaine un fascicule Alpha « Histoire de l’Art ». Tous les quinze ou vingt numéros, il les reliait en passant dans les agrafes deux lames d’acier qu’il glissait ensuite dans des couvertures cartonnées noires et or. Ces grands livres m’en imposaient.
J’étais enfant, je passais des heures, allongé sur mon cosy-corner, à regarder toutes ces reproductions de tableaux. Je ne ratais pas un numéro. Je ne lisais rien mais j’examinais toutes les images. Je mûrissais mon goût pour les fortes femmes en contemplant des Rubens et des Renoir. Ça me distrayait des Fripounet auxquels m’avait abonné une vieille cousine.
Un jour j’ai vu Le porteur d’eau de Séville, de Velázquez. Cette toile m’a beaucoup troublé. J’ai immédiatement reconnu un acteur très en vogue à cette époque : Lino Ventura. Je ne m’expliquais pas qu’il puisse être à la fois dans un tableau ancien et dans les pages de Télé Magazine. Il avait beau me paraitre vieux, je sentais bien que quelque chose clochait.
Les années ont passé. Ma confusion d’enfant s’est évanouie. J’ai enfoui l’anecdote dans les replis de ma capricieuse cervelle.
Jusqu’à ce que l’envie de peindre cette vieille barbouze me prenne.Aux premiers coups de pinceaux le souvenir a ressurgi. Je me suis revu dans ma mansarde, à plat ventre sur mon couvre-lit chenille jaune, confondu par la ressemblance entre le parmense et le sévillan. J’ai souri.

Depuis j’ai vu presque tous les films de l’un et presque toutes les toiles de l’autre. Pourtant, jamais encore je n’avais raccroché les wagons de ce train de souvenirs..

Le Porteur d’eau de Séville, Diego Velázquez, huile sur toile, 106,7 cm x 81cm, 1620

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On The Road Again, spéciale dernière…

il y a 3 mois

On The Road Again… Dernière ligne droite, dernier raidillon avant le tombé de rideau. Chausse tes boots, lève ton pouce, arrache-toi de ce canapé qui t’englue et taille la route. Va, roule, cours voir cette expo. Il sera toujours temps, place du Châtelain, quand tu t’en seras mis plein les mirettes, de t’arrêter en terrasse pour siffler une bonne binouze.

On rappelle l’essentiel : c’est à Bruxelles, chez Huberty & Breyne, et c’est David Merveille qui a concocté ce cocktail d’artistes. Le 19 juillet au soir il sera trop tard.

(Certes, nous avons proposé des huiles. Mais il y a aussi ces fusains de 30 cm x 40 cm à retrouver là-bas…)


Fusain, 29,7 cm x 42 cm, 2018

Fusain, 29,7 cm x 42 cm, 2018

Fusain, 29,7 cm x 42 cm, 2018
Fusain, 29,7 cm x 42 cm, 2018

Odette…

il y a 1 an

Odette, 1970, à Tunis. Ses derniers feux.

Elle s’accrochait encore, partait souvent à La Goulette pour pleurer dignement son mari.

Après ce furent Sarcelles, l’amertume, la rancœur, la maladie. Sa féminité guindée et souriante n’avait plus de raison d’être. Ses manicotti et les robes fleuries qu’elle se cousait non plus. Elle n’a pas fait long feu dans ce nouvel appartement tapissé de moquette, excepté aux plafonds.

Je me demande bien pourquoi je vous raconte tout ça.

Tentative pour une Marlène…

il y a 3 ans

Tentative pour une Marlène…
Le front taurin, la pommette haute, le nez fort, l’œil qui pétille comme un soda Lidl, le retroussis de la bouche, les épaules rondes, le buste spacieux, le ventre volé à Renoir, des hanches qui réveillent des envies de pétrissage et les jambes modelées par Maillol : tout est beau et bon à inventer, à dessiner dans cette égalisatrice entêtée des droits des hommes et des femmes. Tout est prétexte à chanter la rencontre du papier à grain et de la mine.
Que n’avons-nous pu la croquer sur le vif.
Plaignez celui qui n’aime pas ce qu’il désire.

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Bouge de là…

il y a 3 ans
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Pages de cahier à dessins, remplies depuis les sables mouvants qui entourent mes écrans et dans lesquels je m’enfonce inexorablement en m’abreuvant de stupidités et de thé tiède.

« Mais bouge de là ! » me dis-je, me répété-je, me supplié-je…

Rien à faire… Ferais mieux de ranger l’atelier, de terminer ce bouquin d’Albert Paraz Le gala des vaches, de travailler mes fins de parties ou d’aller roder sur le bitume ma nouvelle paire de Chukka Maple Grove…

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L’art est forme de retraite…

il y a 3 ans
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 De quelques manifestants…

La « gauche » manque terriblement d’ambition et l’extrême-gauche, depuis qu’elle a renoncé à la révolution, a perdu le sens de la fête… Déjà, 60 balais, c’est trop. On veut la retraite à 55 ans, la semaine de 4 jours (28 heures) et 8 semaines de congés payés.

Plutôt que de s’abrutir au travail on pourrait se mettre à réfléchir, à se cultiver vraiment, à bloquer le manège imbécile qui tourne de plus en plus vite, de plus en plus longtemps. 

Vive l’entropie !

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 Encre de chine, 21 cm x 29,7 cm, février 2023

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 Encre de chine, 21 cm x 29,7 cm, février 2023

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 Encre de chine, 21 cm x 29,7 cm, février 2023

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 Encre de chine, 21 cm x 29,7 cm, février 2023

Ailleurs je perds mon temps…

il y a 3 ans

portrait soluto huile peinture

Huile sur toile 24 cm x 30 cm

Quand je comprends qu’il est bien tard, que les années qu’il me reste n’en finiront plus de se jeter sur moi pour mieux m’éviter, que je sens les regrets sédimenter au fond de mon cœur, je ne suis bien que là, arrimé à ma chaise, sur mon tapis de bambou, à distance de mon chevalet d’un demi bras.
Cinq litres de white spirit en bidon sous la main gauche, mes couleurs dans leurs bacs sous la droite, l’essence et l’huile dans leurs godets, les pinceaux en bouquet dans leurs pots, le front sous la lampe et ma palette chargée sur mes genoux j’attends.
Je me débarrasse du monde comme il se débarrasse de moi.
C’est un processus, pas même une fiction.
L’impensé, à coups de lignes et de masses, s’ordonne, trouve sa cohérence, se dévoile. C’est un mouvement inquiet qui cherche son apaisement par un saisissement. Je ne veux rien sinon glisser hors de moi, guidé confusément par la vibration des couleurs, par l’ivresse d’un geste délié, d’un trait retenu. Je suis dans la pâte que j’écrase sur la trame de la toile, dans la soie du pinceau, dans la main qui porte mon désir, dans l’image qui émerge.
Je me plais là, infiniment paisible, en retrait des pensées, à camper à l’abri des mots, baigné dans la sensation intense d’être au bon endroit, au bon moment.
Ailleurs je perds mon temps.