Yoyo couleur métallo…

il y a 3 ans

Tout est dit, ou presque.
On marche seul le long des rues, on prend une dose de whisky pour préparer son sermon, on a aussi le droit de se taire et de fumer tandis qu’un chien loup vous jette un regard un peu fou. De l’Amérique de cinéma. Des images efficaces.
J’ai revu une interview du gars sur la chaine d’Ardisson. S’ensuivent ces quelques dessins.

Ps : Je me souviens d’avoir croisé trois ou quatre fois, fin des années 70, un Lionel qui logeait avec ses deux frangines chez son oncle dans le quartier du Puchot à Elbeuf. Il faisait jaser. C’était un rocker de banlieue, comme il en existait pas mal à l’époque, surnommé Yoyo. Grand, gras et même un peu bouffi, il trimbalait la bibeloterie complète : des santiags affaissées, de larges bagues, un perfecto râpé, des Ray-Ban Aviator, une banane ondulante et des rouflaquettes à mi joues. Sur le parking, en bas de l’immeuble, flamboyait sa DS 21 laquée rouge repeinte au rouleau. C’était une authentique terreur qui réglait des litiges de voisinages et arbitrait des partages de cambriole. Qu’on disait. Il revenait régulièrement dans les conversations et les faits-divers.
Quand j’ai fait cette série de portraits Yoyo a ressurgi dans ma mémoire. Je me demande ce qu’il est devenu. Si quelqu’un a des nouvelles…
Je ne l’imagine pas vivant à crédit et en stéréo.

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Quelques pages Blanche entre Noël et le jour de l’an…

il y a 4 ans

C’est Cioran sur les planches, en robe bleue, puissante, fragile et désirable. Aujourd’hui tout le monde l’aime ; on lui reprochera demain sa lucidité. On ne lui pardonnera pas de serrer d’aussi près la condition de l’homme, de convoquer des rires irrépressibles en rappelant implacablement sa solitude et sa finitude. Les petits rigolos de service et les woki-comiques n’ont qu’à bien (mieux) se tenir. C’est de l’humour à coups de marteau et une certaine idée de la grande santé.
Avec elle rions aussi en attendant la mort.
Bonnes fêtes à tous.

Blanche Gardin, acrylique, acrylic, dos, peinture, lunettes, dessin, soluto, lavis, auteur, roman
Blanche Gardin
Blanche Gardin, acrylique, acrylic, dos, peinture, lunettes, dessin, soluto, lavis, auteur, roman
Crayon, 20 cm x 15 cm, Décembre 2021
Blanche Gardin, dessin, soluto, lavis, auteur, roman
Crayon, 20 cm x 15 cm, Décembre 2021

Portrait d’écrivain : Alphonse Boudard…

il y a 4 ans
Alphonse Boudard, encre de chine, dessin, soluto, lavis, auteur, roman
Lavis d’encre de chine et fusain, 21 cm x 29,7 cm, août 2021

Alphonse Boudard (1925-2000) est un auteur rigolo et logorrhéique.
Toute son œuvre sent le vécu, le crachat sanglant, la guerre absurde, l’abominable vie en collectivité, l’hospice, le sana, le foutre, le cachot et la démerde.
Son regard croque, sa plume gratte, pourtant rien ne frotte. Tout est fluide, troussé, captivant. Des tordus, des branques, des fourgues, des brutaux, des cavettes et des escrocs défilent sans jamais lasser. Tous ont un air de vérité incontestable qui dépasse le pittoresque et la caricature.
Parfois la nostalgie s’en mêle. Alors il devient poignant, pudique, redoutable de sobriété. On pense aux belles pages de Mourir d’enfance, quand il évoque sa mère, ou à Mariette, nouvelle qu’on peut lire dans Les enfants de cœur.
On ne trouvera pas dans ses pages de héros ni de salauds essentiels, pas d’autoflagellation ni d’excuses, mais des circonstances, une verve et le fameux désespoir poli qui fait rire.
Ses livres autobiographiques sont les plus beaux.

Portrait d’écrivain : Guillaume Apollinaire…

il y a 4 ans
Alcools, ¨Poèmes à Lou, Guillaume Apollinaire, encre de chine, dessin, soluto, lavis, auteure, poesie
Encre de chine et fusain, 21 cm x 29,7 cm, août 2021

« Une arme ô ma tête inquiète
J’agite un feuillage défleuri
Pour écarter l’haleine tiède
Qu’exhalent contre mes grands cris
Vos terribles bouches muettes »

Guillaume Apollinaire – Extrait d’Alcools

C’est à cause de lui que ma fille s’appelle Lou.

Portrait d’écrivain : Colette…

il y a 4 ans
les vrilles de la vigne, Sido, Colette, acrylique, encre de chine, dessin, soluto, lavis, auteure, poesie
Encre de chine sur papier préparé, 21 cm x 29,7 cm, août 2021

Comme le rossignol de la nouvelle qui manqua de mourir ficelé dans les vrilles de la vigne je me suis laissé attraper par la ligne tournée et chantante, sensuelle et raffinée de Colette. J’avais seize ans, j’étais mal dessalé et mon innocence, sans être crasse, trouvait à se désagréger dans ses pages.
Depuis elle ne me laisse pas tranquille toute une année. Arrivent toujours ces heures blanches, que je cherche à rehausser, où mon doigt indécis, courant sur les rayons de mes étagères, la déniche, la soulève et l’emporte.
Elle s’ouvre aux bonnes feuilles, sa féminité m’envahit et les pages prennent une odeur de peau, de blé haché ou de bête têtue.
Voluptueuse et cruelle, incisive ou languissante, elle a la puissance des entêtantes dont on s’éprend éperdument.
Je m’en méfie aussi un peu.

Portrait d’écrivain : Francis Ponge (1899-1988)…

il y a 4 ans
Le parti pris des choses,la rage de l
Crayons de couleur, 21 cm x 29,7 cm, août 2021

On doit aimer Francis Ponge d’un amour posé et précautionneux. Ses écrits sont d’une texture si fragile, quoique le tissage en soit très serré, que la précipitation nuirait à leur bonne lecture. Un empressé verrait de la reprise où il faut voir de la variation, de l’obsession, du mouvement et une traque farouche de l’illusion d’optique.
Ses sujets de prédilections sont les objets. Il écrit sur le motif. Par lui décrits on les croirait peints, ou sculptés, et leur matérialité en est augmentée – chose qu’on pensait impossible. On les goûte, on les touche, on les voit, on les sent. Leur singularité devient extrême.
C’est un poète engagé qui dédaigne les nues, la Femme, l’aube, le couchant et le sentiment, ces lieux communs du versificateur, pour leur préférer la sensation, le mot, sa forme et ses vertus d’outils.
Il aimait Braque, Fautrier mais aussi, inexplicablement, Émile Picq qui n’est pas un bon dessinateur.
Il n’est jamais drôle, comme souvent ceux qui sont passés par le surréalisme. D’ailleurs, s’il a admirablement cerné son sujet dans « Le Savon », force est de constater qu’il n’a pas réussi à coincer la bulle.