Chignon banane…
il y a 5 ans
C’est Cioran sur les planches, en robe bleue, puissante, fragile et désirable. Aujourd’hui tout le monde l’aime ; on lui reprochera demain sa lucidité. On ne lui pardonnera pas de serrer d’aussi près la condition de l’homme, de convoquer des rires irrépressibles en rappelant implacablement sa solitude et sa finitude. Les petits rigolos de service et les woki-comiques n’ont qu’à bien (mieux) se tenir. C’est de l’humour à coups de marteau et une certaine idée de la grande santé.
Avec elle rions aussi en attendant la mort.
Bonnes fêtes à tous.
« … Les êtres s’effacent, on a beau conserver leur os dans des caisses d’ébène, graver leur nom dans la pierre, ça ne dure que la vie des suivants… des quelques survivants… le souvenir se garde au cœur, dans un petit coin… le visage, l’image ne durera que ce que va durer votre existence… un passage, une passade de je ne sais quel dieu féroce. Alors, on s’accroche à son papier, on griffonne, on s’efforce de faire revivre. Une entreprise de fou, tout est déjà en charpie, tout s’enfloue, se déforme… une photo qui s’extirpe d’un carton jauni, brûlé par le temps. Le papier ça meurt aussi, ça dure un peu plus que les roses… si peu ! »
Alphonse Boudard Mourir d’enfance 1995