Vue d’atelier
130 cm x 97 cm, huile sur toile, 2020
(En cours, quatrième ou cinquième séance).
Désolé pour les brillances… Quand la toile sera achevée je la photographierai convenablement.
Chantons en chœur la violoncelliste
Elle avait pour prénom Sidonie,
Ses amis l’appelaient La Sido
Adorant avant tout l’harmonie
Elle portait un lorgnon, deux bandeaux
Ne pouvant pas jouer d’la prunelle
De la croup’ , ni des hanches, ni des seins
La Sido jouait du violoncelle
Dans l’espoir de trouver un Chopin
Elle était vierge et solitaire
N’ayant pas connu le mystère
De l’Adoré
La violoncelliste
Cent fois elle en avait parlé
Ne le connaissant que par les
Récits récits
La violoncelliste
N’ayant pas tout ce qu’elle voulait
Ell’ s’consolait comme ell’ pouvait
Mi mi mi mi
La violoncelliste
Ell’ entret’nait son instrument
comme on entretient un amant
Ciré, si ré
La violoncelliste
Entre ses genoux bien serrés
Rêvant de grandes ouvertures
Elle jouait avec un tel doigté
Qu’elle en avait des courbatures
Elle pensait jouant Debussy
Si j’avais ça, si j’avais ci
Si si si si
La violoncelliste
Elle avait peur des sérénades
car elle n’avait personne pour l’ad
Mirer mi ré
la violoncelliste
Elle rêvait à des choses étranges
En jouant du Coup’rin,du Fauré
Ça faisait un horrible mélange
De faux Do, de faux si, de faux ré
Titillant des ses doigts les quatr’ cordes
Chatouillant de l’archet les boyaux
Elle songeait aux baisers qui voous mordent
Et vous donn’nt des fourmis dans le dos
For mi for mi
For mi sol si
do do
Elle rêvait aussi d’orgies
D’étreintes folles et d’infamies
Fa mi fa mi
La violoncelliste
Elle entendait parfois des voix
Comme Jeanne d’Arc autrefois
A Domrémy
La violoncelliste
Elle imaginait du bonheur
Avec six jeunes gens en fleurs
Si si mineur
La violoncelliste
Aux bras musclés, aux cheveux blonds
six éphèbes au corps d’Apollon
Si ré do si
La violoncelliste
Rêvant à des enlèvements
Dès qu’elle attaquait une fugue
Sur un palefroi noir et blanc
Avec Herbert ou avec Hugues
La berceuse avait pour effet
D’endormir Sido tout à fait
Dodo Sido
Le printemps ça la rendait folle
Se trouvant dans son entresol
Si seule si seule
La violoncelliste
Prenez bien garde au violoncelle
La musique adoucit les mœurs
Mais elle détruit aussi les cœurs
Les cœurs des pauvres demoiselles
Fusain réalisé durant le confinement, mis en couleur avec le logiciel adéquat. Nous regardions beaucoup Gruau et écoutions Quentin Dupieux. « C’est pour ça… »
Après le dessin de téléphone voici le modelage de téléphone.
– Appelez un correspondant incertain, une administration par exemple.
– Tandis qu’on cherche votre correspondant sur une boucle musicale graillonneuse, saisissez la gomme qui pose les lumières sur vos plus beaux fusains. Pétrissez.
– Quoique vous ayez le temps (tous vos correspondants sont en ligne) modelez au plus simple sans trop réfléchir.
– Affinez les détails avec une pointe de pinceau (évidemment pas côté poils !)
– Posez la bouille contre l’enceinte Bluetooth qui diffuse ordinairement vos podcasts préférés.
– Photographiez. Postez.
Après dix minutes d’attente la communication s’est interrompue. Raccrochez en ravalant votre agacement et rappelez ultérieurement. Ou procrastinez avec sagesse jusqu’au jour où le problème se réglera ou dégénèrera de lui-même.