
Nous avions exécuté Jean-Luc Godard, nous avons récidivé avec David Lynch… Étoiles et toiles comme disait l’autre…

Couverture de la revue Éclipses (merci à Youri Deschamps). Numéro prévu à la rentrée.
De temps en temps je dessinais un Michel Simon. Maintenant j’en peins. Décidément rien ne s’arrange.
Extraits du portrait de Michel Simon par Paul Guth
« Les autres comédiens appartiennent à la race des hommes. Michel Simon est le survivant d’une espèce disparue. Tous les règnes de la nature, tous les âges de la vie se bousculent dans son corps pour une allégorie des temps préhistoriques.
Le menton, forgé à coups de marteau, lui remonte jusqu’au milieu du visage et semble se démantibuler aux charnières des mots. Ses joues se gonflent en deux ballons de chair entre lesquels s’enfouit le losange de la bouche qui s’ouvre été se ferme en coulissant. Le rire découvre un cercle de dents minuscule, un anneau de Gygès d’ivoire au centre duquel flotte la langue qui écrase ou délivre la parole : source ou bouillie.
Au-dessus du nez de boxeur, cassé, blindé de plaques de chair, règne la grâce. Les yeux admirables, agiles, rieurs, d’un brun sans défaut, s’enchâssent dans des paupières qui peuvent se rabattre en capotes de cuir, dans l’hivernage de l’ennui, ou se relever à fond, pour le comique ou la stupeur. »
La suite est de cette eau-là.
Je le préférais plutôt Intoxicated Man que beurré au 51. Reste la geste suicidaire, longuette et désinhibée, qui me partage. L’ivrognerie magnifique n’est pas donnée à tout le monde. Trop souvent elle crétinise et gâte le talent. J’aimais mieux quand son 6.35 lui f’sait les yeux doux — Rien qu’un vertige, comme ça, pour rire, pan ! pan !
Quoi qu’il en soit il m’a plu d’aller le chercher par la couleur plutôt que par le trait.