Trois autoportraits, Soluto…

il y a 10 ans

La plupart du temps on ne se peint, ni ne se dessine, par narcissisme. On ne s’emploie que par commodité : de tous les modèles on est le plus docile, le plus disponible, le moins coûteux et le plus exigeant.
J’ai réalisé ces trois autoportraits ces derniers jours. J’avais pour documents une série de selfies pris hâtivement à l’hôpital, où je séjourne trop souvent ces temps-ci. Images grises, écrasées, prises au lit ou au fauteuil, dans lesquelles je tentais de scruter, entre deux visites d’infirmières, mon humeur et ma déconvenue à passer si souvent entre les mains des chirurgiens.
A partir de tous ces clichés j’avais le vague projet de peindre une huile.
Hélas ma mobilité entravée ne me permet pas d’aller à l’atelier. Pour me distraire de ma frustration je me suis rabattu sur ces images préparatoires. Je me suis exécuté au lavis d’encre de chine sur un papier luxueux, grainé, légèrement absorbant. Je me suis bien des fois déposé sur des supports moins nobles…
C’est un plaisir douteux que d’interroger avec tant d’insistance son regard, de vouloir rendre une peau qui se creuse et s’affaisse, des jouent qui piquent et qui râpent, de déboucher des ombres pour se fouiller, de se griser à plaisir pour mieux s’éclairer, de s’approcher de soi avec tant d’obstination.
Mais quand rien ne va on a les délectations qu’on peut…

autoportrait portrait soluto lavis encre de chineEncre de Chine, 30 cm x 15 cm, mars 2015

(cliquer sur les images pour les agrandir)

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Encre de Chine, 8 cm x 15 cm, mars 2015

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Encre de Chine, 8 cm x 15 cm, mars 2015

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Encre de Chine, 8 cm x 15 cm, mars 2015

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Week-end à l’eau de couleur, Hardy décatie…

il y a 10 ans

portrait soluto caroline aquarelle

Caroline, 11 cm x 15 cm, Aquarelle, 2015

portrait visages soluto aquarelle

Dessins assemblés, 6 cm x 11 cm à peu près chaque, 2015

portrait soluto francoise hardy aquarelle

Hardy chez Ruquier samedi soir, « Comment te dire adieu »

Sans doute pas comme ça… Tristesse infinie…

portrait francoise hardy soluto detail aquarelle

En cliquant sur cette image, exceptionnellement agrandie, on entrera dans l’aquarelle (pour ceux, évidemment, qui ne considère pas l’aquarelle comme une technique de coloriage…)

Le bar-tabac a éteint ses billards… Un homme, une femme… Juste une seule fois…

Je me souviens de Muriel…

il y a 10 ans

nu soluto lavis glaces sans tain

Encre de chine, 21 cm x 29,7 cm 2015

Charmantes et naïves elles font d’une giclée le bigbang d’un nouveau monde. Et parce que leurs miches tardent à refroidir elles se bercent dans la lumières d’étoiles mortes depuis longtemps.
Les plus belles histoires, pourtant, s’achèvent dans un claquement de portière et doivent avoir un goût de regrets. A quoi bon remettre les couverts, singer les jolis cœurs, minauder pour ne pas déchoir, s’engluer de mots doux, partager le plumard et le rata à la bonne franquette si c’est pour finir de toute façon par lasser et décevoir ? Autant prendre les devants… Etre ferme dès la première relance. Dans l’art du cul le difficile est de savoir conclure.
Il faut souvent le courage du héros.

Extrait de Glaces sans tain  (clic) paru en 2013

 

Môminettes de papier, coquineries des marges…

il y a 11 ans

soluto nus femmes nues croquis crayon lavis

La main court toute seule sur les blocs épuisés. Une page sautée, retrouvée, un espace vide sous un dessin raté, une demi feuille cornée et hop surgissent des belles. Où sommeillaient-elles avant que je les réveille ?

soluto nus femmes nues croquis crayon lavis

Ni pin-up, ni académiques, nées de rien, d’une idée, d’un mouvement, elles s’obstinent. Je les fouille d’une mine acharnée, la langue pliée, le sourcil froncé. C’est une hanche que je creuse, un sein que je retiens, que j’alourdis à plaisir. Ici c’est une fesse que je remplis et des reins que je plie, là un sexe que je fends, un pubis que je noircis, plus haut un sale rictus que je bâillonne, que je gomme sans remord. On est son maitre.

soluto nus femmes nues croquis crayon lavis

Petits bonheurs faciles, silhouettes empâtées ou graciles, bancales ou élancées, résistantes ou fluides, elles prennent la forme de mes désirs enfouis.
Les dessiner c’est déjà les posséder un peu. Les repentirs n’en sont pas, ils montrent mes ambivalences. Vite croquées, inconséquentes, souvent réjouissantes, je les destine à l’oubli.

soluto nus nues femmes croquis crayon lavis

Comme ces belles de la vraie vie, entraperçues, mouvantes, fuyantes, vite évanouies. J’ai beau essayer de mémoriser la ligne d’une jambe lancée, le mouvement d’une chevelure, l’élan d’un port de tête conquérant, je ne retiens jamais rien. Le regard en alerte est toujours oublieux.
Mais à l’heure où elles se confondent je me venge dans le secret de mes papiers. Je les y jette sans vergogne, les déshabille sans scrupule, les taquine d’un trait caressant. Je ne leur passe plus rien.
Je les retrouve toutes pour m’en débarrasser voluptueusement.

crayonnés divers rassemblés