Autoportrait, acrylique sur panneau de 30 cm x 40 cm, juin et juillet 2017
Ci-dessus l’aquarelle préparatoire… 2016
Un autoportrait chaud, barbe bleue, un autoportrait froid, barbe cendre…
4 commentaires
Quand je comprends qu’il est bien tard, que les années qu’il me reste n’en finiront plus de se jeter sur moi pour mieux m’éviter, que je sens les regrets sédimenter au fond de mon cœur, je ne suis bien que là, arrimé à ma chaise, sur mon tapis de bambou, à distance de mon chevalet d’un demi bras.
Cinq litres de white spirit en bidon sous la main gauche, mes couleurs dans leurs bacs sous la droite, l’essence et l’huile dans leurs godets, les pinceaux en bouquet dans leurs pots, le front sous la lampe et ma palette chargée sur mes genoux j’attends.
Je me débarrasse du monde comme il se débarrasse de moi.
C’est un processus, pas même une fiction.
L’impensé, à coups de lignes et de masses, s’ordonne, trouve sa cohérence, se dévoile. C’est un mouvement inquiet qui cherche son apaisement par un saisissement. Je ne veux rien sinon glisser hors de moi, guidé confusément par la vibration des couleurs, par l’ivresse d’un geste délié, d’un trait retenu. Je suis dans la pâte que j’écrase sur la trame de la toile, dans la soie du pinceau, dans la main qui porte mon désir, dans l’image qui émerge.
Je me plais là, infiniment paisible, en retrait des pensées, à camper à l’abri des mots, baigné dans la sensation intense d’être au bon endroit, au bon moment.
Ailleurs je perds mon temps.
Héros par erreur
Conflits d’atterrés
Chemin pour chômeurs
Défi défilé
Là-bas la rumeur
Délit d’asphyxiés
Chante à contrecœur
La peur contrariée
Fini les copains
Fini la concorde
Papier Salopin
La rue les absorbe
Grimaces et menaces
Vies qu’on cadenasse
Terminé monnaie
Crédits écrêtés
Indélicat boss
Patron pas très net
Mielleux jusqu’à l’os
Sourire à fossettes
Attention tensions
Piégées les promesses
Cachée l’intention
Truquée la caresse
Soignée la vitrine
Passée vaseline
Bagout blagounettes
A la moulinette
Lancées tentacules
Puissance et calculs
Ici on s’enlise
La faute à la crise
Joie des actionnaires
Ça délocalise
Sans en avoir l’air
Pointer l’incapable
Pendre les coupables
Médias syndicats
Mafieux caïdat
Stimuler la peur
Echauffer la masse
Exciter la casse
Bouillent les rancœurs
Pilleurs torpilleurs
Des voix pour la haine
Prime à la gangrène
Les indemnisés
Tous idem niqués
Quoique l’on raconte
Sont laissés-pour-compte
La gueule à l’envers
Et les bras ballants
Perdent leur sale air
Et leur bel élan
Reprendre à l’enfance
Le droit à l’errance
Renier les cadences
Entrer dans la danse
De la décroissance
De la décadence
Désobéissance
Vivre à contresens
Soluto Le 28 novembre 2013
Sans doute pas comme ça… Tristesse infinie…
En cliquant sur cette image, exceptionnellement agrandie, on entrera dans l’aquarelle (pour ceux, évidemment, qui ne considère pas l’aquarelle comme une technique de coloriage…)
A fleur de toile, retranchée dans la trame, surprise, les doigts aux lèvres
Les cheveux roux brulés, l’orange aux joues, le regard violet
Appuyée sur les coudes, presque nue, le couvre-lit chenille sur les cuisses
Elle a froid, toute sa peau fraîchit.
Elle aime l’odeur de la térébenthine, grignote mes cerneaux de noix
Mastique avec application mes abricots secs et raconte l’art de barboter
A la barbe des vigiles fards, poudre et rouges à lèvres.
Elle et moi partageons le goût de la couleur.
Elle se propose d’aller pour moi voler des pinceaux.
Mais pas ce soir : à 18h30 elle a un baby-sitting.
Un portrait qui semble absorber la lumière et l’autre la diffuser . Maitre dans les deux façons, cher Soluto. La barbe en impose. Une mode Havraise ?
Une mode havraise ? Pas que je sache. C’était plus général que ça… L’air du temps.
Tandis que les femmes à mon grand désespoir deviennent pilophobiques, les hommes se laissent pousser le poil en le surveillant de près. Ils le taillent avec un soin obsessionnel pour se donner un air négligé cool (la chose et son contraire). Vivement que la mode trépasse.
Pour ma part j’avais juste envie de me voir avec une barbe, sans doute pour réaliser quelques dessins. J’ai vu, je me préfère sans. Ça gratte moins, les bêtes ne s’y mettent plus, la peinture ne s’y accroche pas et les miettes tombent directement par terre. C’est mieux…
Merci pour votre réflexion pertinente sur la lumière… A bientôt cher Luc…
Cette petite allusion sur la barbe havraise concernait le premier ministre qui compte sans doute sur le poil pour se donner l’air viril d’un chef. Comme vous je déteste les modes et les suiveurs.
Ah mais oui, vous avez raison. Édouard l’a grise, rase et drue. C’est un chef à la mode, ce qui est une contradiction dans les termes. On ne peut suivre et mener à la fois. Laissons la politique aux croyants (en un avenir meilleur, en un progrès social, en des lendemains qui chanteraient, dans la mort du capitalisme, dans l’avènement d’un homme nouveau, dans l’au-delà de l’ici et de maintenant) et cultivons notre jardin, nos névroses, notre œil et notre goût. Et le soir lisons un peu de poésie… A bientôt Luc, prenez soin de vous.