
Huile sur toile 24 cm x 30 cm
Quand je comprends qu’il est bien tard, que les années qu’il me reste n’en finiront plus de se jeter sur moi pour mieux m’éviter, que je sens les regrets sédimenter au fond de mon cœur, je ne suis bien que là, arrimé à ma chaise, sur mon tapis de bambou, à distance de mon chevalet d’un demi bras.
Cinq litres de white spirit en bidon sous la main gauche, mes couleurs dans leurs bacs sous la droite, l’essence et l’huile dans leurs godets, les pinceaux en bouquet dans leurs pots, le front sous la lampe et ma palette chargée sur mes genoux j’attends.
Je me débarrasse du monde comme il se débarrasse de moi.
C’est un processus, pas même une fiction.
L’impensé, à coups de lignes et de masses, s’ordonne, trouve sa cohérence, se dévoile. C’est un mouvement inquiet qui cherche son apaisement par un saisissement. Je ne veux rien sinon glisser hors de moi, guidé confusément par la vibration des couleurs, par l’ivresse d’un geste délié, d’un trait retenu. Je suis dans la pâte que j’écrase sur la trame de la toile, dans la soie du pinceau, dans la main qui porte mon désir, dans l’image qui émerge.
Je me plais là, infiniment paisible, en retrait des pensées, à camper à l’abri des mots, baigné dans la sensation intense d’être au bon endroit, au bon moment.
Ailleurs je perds mon temps.
superbe toile …. Qui me donne le …….Hockney!!!!
J’aime bien les associations de couleurs.
Sur ton dernier poste tu parles du bleu coeruleum c’est le godet que je creuse à loisir dans mes boîtes d’aquarelles depuis des années!!!
Stephane
Merci Stéphane… Ah ce bleu… De surcroit il varie considérablement d’une marque à l’autre. Pas de toile, chez moi, sans qu’il n’apparaisse dans les mélanges… Il est ici mêlé à l’ocre jaune, à la terre de Sienne naturelle et au blanc de titane et donne ce fond assourdi sur lequel claque les lumières du bas du visage… Il ne s’agit pas d’une toile mais d’un panneau de médium préparé… Bien à vous et au plaisir…