
Bernard fait le guet…


9 commentaires

Alors la grande école ? On lui avait promis la grande aventure. Sa mère l’avait habillé de neuf, il avait (enfin) un cartable, des crayons et un stylo dans une trousse, un carnet à spirale. Tout ça sentait bon. L’impatience le gagnait, Il avait envie d’essayer ce beau matériel, il voulait passer aux choses sérieuses et surtout tout savoir sur tout. A la maison on en parlait beaucoup. Ses parents lui passaient sans cesse la bande annonce de ce qu’il allait faire et voir là-bas. Ça ressemblait à une superproduction. Des tonnes de bouquins, des cahiers avec des petites lignes, des leçons à apprendre, des devoirs à faire, peut-être des ordinateurs. Il allait savoir pour de bon ce que voulait dire l’expression « travailler à l’école ». Il en avait l’eau à la bouche. Il était prêt à en découdre pour pénétrer le mystère de la Connaissance. Psychologiquement il était mûr pour affronter les inévitables difficultés qui allaient surgir. Comme disait son père, il avait la niaque ! Il était grand temps de le dégourdir…

Et ça, c’est un vieux dessin au bic quat’ couleurs (2004? 2005? En tout cas, c’était parmi mes premiers dessins Soluto…) retrouvé dans un carnet qui va retrouver son étagère après quelques scans…

Sympatoche la viocque! Finalement elle arrive encore à se faire rincer. Si tu l’écoutes trop longtemps, un coup tu ris, un coup tu pleures, mais tu finis toujours par lui payer son Cointreau, sa Chartreuse! Maintenant, bien sûr, elle pleure sur l’époque, conspue la lopette et chante sa misère tout en trémolos, mais dans ses belles années, quand elle avait encore la whisky voice, qu’elle faisait l’appoint en renseignant les condés de la Mondaine et qu’elle s’asseyait langoureusement au bar du Ruban Bleu, ses châsses humides accueillant les éclats des cristaux, sa main gantée posée sur son roulis de hanche, sa longue jupe moirée rouge remplie comme il faut et fendue sur la soie noire d’une cuisse galbée et dessinée par Gruau, quelle essoreuse de morlingue c’était!
Il a pas l’air commode le Bernard…
Justesse épatante des traits! Jusqu’au bout de sa cravate, ambiguë…
mais toi Soluto, tu lui demandais de faire le guet pourquoi ? Pour braquer une banque ou bien pour faire pipi tranquillement ?
zut …. ce dessin du jour est en train de me faire trottiner dans la tête une chanson que je n’aime pas beaucoup et que l’on me faisait écouter enfant : « on dit qu’elle est très belle(uh), au gué vive la rose(uh), on dit qu’elle en mourra, vive la rose et le lilas »
> Disons, Nadège, que c’est la crème des hommes jusqu’au troisième jaune et qu’après ça se corse… Désinhibé par le pastaga il a des audaces malheureuses, des aigreurs de beauf’, des coups de sang dont il faut se méfier… C’est pas du refoulé qui remonte, c’est du défoulement qui s’exprime grassement…
> J’espère, chère Flora, que le dessin est plus juste que le bonhomme… (un dessin est-il juste quand il rend justice? ou est-il juste quand il dit plus que ce qu’il montre? La justesse du trait a-t-elle à voir avec la justesse de l’oeil? Et la ligne avec la vérité? pourquoi certains dessins maladroits sont-ils plus fort que d’autres bien plus raffinés ou spirituels? hein? pourquoi?…)
> Cécile… Mon Bernard est trop peu imaginatif pour rêver de casser une banque. Il n’est pas non plus du genre à devoir se soulager entre deux bagnoles (il prend ses précautions…) Non, là il laissait traîner son regard sur les hanches d’une paire de trentenaires anglaises qui choisissaient des cartes postales sur un tourniquet honfleurais… Mon pote est un chasseur, plutôt bon dragueur…Il repassait dans sa caboche ses rudiments de LV1 pour trouver une attaque rigolote… Ah, les après-midis avec lui ne sont jamais tristes (comment ça, si je dis ça je casse mon image?… ce serait dommage à mon âge comme dit l’autre…)
Justement, de Béart, ce qu’il préfère, ce ne sont pas ses niaiseries faussement moyenâgeuses, non, c’est sa fille…
Ah ? Bernard drague comme une bête (et oui, c’est l’été … je le sens bien dans le métro, les garçons sont pas pareils … ) et manie quelques rudiments d’anglais ?
Ta réponse m’a fait songer à cette chanson … tu vois de quelle chanson il s’agit ?
« When I have rencontred you,
You was a jeune fille au pair,
And I put a spell on you,
And you roule a pelle to me
Together we go partout
On my mob il was super
It was friday on my mind,
It was a story d’amour.
etc … …
c’est d’un bête mais d’un bête … 🙂
Bernard pourrait bien être le fils de Renée ?
Vos questions sont juste intéressantes! Pour moi, « justesse » rime avec vérité et sincérité. Ca a à voir avec la justesse de l’oeil, pour les mêmes raisons. Un dessin maladroit peut être plus intéressant car vouloir trop dire ou trop bien dire nuit à la vérité… (voilà, je cesse mon poncif…)
Votre dessin me semble juste, parce que je me dis : c’est lui, Bernard! Il ne peut être que comme ça!
> Ah non, Cécile, la chanson dissimulée n’était pas de Renaud mais de Souchon (un gars autrement plus subversif malgré les apparences…) Je trouve cependant amusant que tu aies (clin d’oeil à Milène) associé sur une chanson, même si ce n’est pas la bonne… Retour donc au voussoiement et… bien à vous…
> Alors là Pouchka, votre suggestion m’interpelle! c’est marrant, il n’en parle jamais de sa mère, Nanard… Je ne manquerai pas de l’interroger discrètement sur le sujet à l’occasion… (mais à mon avis c’est parce qu’un gars comme ça la porte en lui ad vitam aeternam sans jamais pouvoir s’en affranchir! pourquoi alors en parlerait-il?…)
>Chère Flora, je ne saurais conclure sur ces sujets qui m’occupent delicieusement depuis si longtemps déjà, qu’il s’agisse de dessins, de peinture ou d’écriture… (mais vous qui aimez la poésie je vais vous faire une confidence — gare à vous si vous me trahissez!) sachez qu’il y a dans Art poétique de Verlaine des phrases qui m’ont chamboulé pour de bon et qui me reviennent spontanément quand je m’égare, quand je force ou quand je m’épuise…)
A tout bientôt…
C’est le grand jour tremblant de midi …………………………………….