Croyez-vous vraiment que nous ayons soif d’éternité ?…

il y a 10 ans
portrait soluto crayon croquis aquarelle cadavreCrayon, encre de chine et aquarelle sur papier. 15 cm x 20 cm,  2015

Croyez-vous vraiment que nous ayons soif d’éternité ? Qu’en ferions-nous ? Je crois au contraire que nous aspirons profondément à la mort, qu’elle nous travaille en profondeur, qu’il nous tarde même, à l’occasion de voir nos servitudes s’achever. Nous ne ratons jamais une belle occasion de nous pleurer par avance. Nous aimons la nostalgie, la mélancolie ne nous déplait pas. Bien sûr nous nous en défendons mais voyez notre goût pour la guerre, la médisance, le mensonge, regardez notre besoin de corrompre, d’anéantir notre prochain. On boit, on fume, on conduit vite, on se maltraite, on se précipite dans les plus pénibles aventures. Nos conduites sont ordaliques. Les plus faibles cèdent à leurs penchants, les autres luttent contre eux-mêmes et perdent toujours. Les progrès de la guerre sont plus foudroyants (au propre et au figuré) que ceux de la médecine. Il faut beaucoup de ruse pour survivre. On doit inventer des lois, s’éprendre de la beauté et distribuer ou recueillir la semence bon gré, mal gré afin de se prolonger dans une progéniture qui n’échappera pas à son lot de souffrances. Nous donnons la mort plus sûrement que nous donnons la vie. La première est toujours certaine, la seconde peine à prendre. Laisser quelques traces, quelques phrases, quelques mots bien troussés, des dessins, des photos, c’est témoigner de notre vanité… Et peut-être rien de plus… C’est encore jeter des bûches au feu pour alimenter le grand brasier qui nous anéantira tous.

Réponse au commentaire de Flora à propos du billet précédent…

Qui va se souvenir?…

il y a 10 ans

portrait crayon soluto Alphonse Boudard

« … Les êtres s’effacent, on a beau conserver leur os dans des caisses d’ébène, graver leur nom dans la pierre, ça ne dure que la vie des suivants… des quelques survivants… le souvenir se garde au cœur, dans un petit coin… le visage, l’image ne durera que ce que va durer votre existence… un passage, une passade de je ne sais quel dieu féroce. Alors, on s’accroche à son papier, on griffonne, on s’efforce de faire revivre. Une entreprise de fou, tout est déjà en charpie, tout s’enfloue, se déforme… une photo qui s’extirpe d’un carton jauni, brûlé par le temps. Le papier ça meurt aussi, ça dure un peu plus que les roses… si peu ! »

Alphonse Boudard Mourir d’enfance 1995

Eurydice…

il y a 10 ans

animation eurydice soluto crayons dessin

Une femme rare, perdue de vue, lointaine, presque hautaine, promenait sa longue silhouette dans un mauvais lieu où l’art contemporain le plus vaniteux plastronnait sur les murs. Je l’attrapais d’un reproche. Nous devisâmes dans les nuées. Taquin je la contrariai, mutine elle me donna la réplique avec une élégance et un à-propos réjouissants.
Nous nous écrivîmes. Elle m’envoya des mails au-delà de ce qu’elle voulait dire. Je m’appliquais à lui répondre en deçà de mes désirs, pour ne pas l’effrayer mais l’inquiéter tout de même. Souvent elle me répondait en chinois comme si je pouvais l’entendre. J’écoutai mieux. Je me trompais : elle parlait en patois psychanalytique. Je pensais aux « Five Easy Pieces » de Rafelson. Entre deux lacaneries je glissais Tristan Corbière, Verlaine, Toulet, Aragon. Je disais Vélasquez, elle me répondait Fra Angelico. Un peu de visible, beaucoup d’invisible, le souci de l’effacement et nous faillîmes Merleau-Pontifier.
Le flou, le masque, le double, le regard qui ment, celui qui tue, l’identité comme un grand évidement, comme un grand évitement, son plaisir quand je joue, sa désolation quand je triche (« Ouille ! Souffle-t-elle, tu n’entends mes paroles qu’à contre-sens »), son impeccable distance, tout ce tissage et toutes ces mailles à part pour ne parler que de nous me la rendent précieuse.
Enthousiasme du ravissement : l’été et l’absence nous donnent un lustre. Noli me tangere.
Hélas l’esprit éclairé, parfois, baisse un peu l’abat-jour.
Comme Orphée il oublie les avertissements.

Exposition à la Galerie des Artistes, Paris 20ème…

il y a 10 ans

Chers amis,

J’ai le plaisir de vous inviter au vernissage de mon exposition

Soluto Peintures & dessins

Qui aura lieu le 7 mai 2015 à 18h00 à la

Galerie des Artistes
20, rue Saint-Blaise 75020 Paris
Tel : 06 80 70 66 44

Métro Gambetta ou Porte de Bagnolet

L’exposition se poursuivra jusqu’au 7 juillets 2015

La Galerie des Artistes est présente sur Facebook

exposition paris portrait soluto huile peinture

Peintures, grands et petits formats…

exposition paris portrait soluto huile peinture

Et des dessins…

Trois autoportraits, Soluto…

il y a 11 ans

La plupart du temps on ne se peint, ni ne se dessine, par narcissisme. On ne s’emploie que par commodité : de tous les modèles on est le plus docile, le plus disponible, le moins coûteux et le plus exigeant.
J’ai réalisé ces trois autoportraits ces derniers jours. J’avais pour documents une série de selfies pris hâtivement à l’hôpital, où je séjourne trop souvent ces temps-ci. Images grises, écrasées, prises au lit ou au fauteuil, dans lesquelles je tentais de scruter, entre deux visites d’infirmières, mon humeur et ma déconvenue à passer si souvent entre les mains des chirurgiens.
A partir de tous ces clichés j’avais le vague projet de peindre une huile.
Hélas ma mobilité entravée ne me permet pas d’aller à l’atelier. Pour me distraire de ma frustration je me suis rabattu sur ces images préparatoires. Je me suis exécuté au lavis d’encre de chine sur un papier luxueux, grainé, légèrement absorbant. Je me suis bien des fois déposé sur des supports moins nobles…
C’est un plaisir douteux que d’interroger avec tant d’insistance son regard, de vouloir rendre une peau qui se creuse et s’affaisse, des jouent qui piquent et qui râpent, de déboucher des ombres pour se fouiller, de se griser à plaisir pour mieux s’éclairer, de s’approcher de soi avec tant d’obstination.
Mais quand rien ne va on a les délectations qu’on peut…

autoportrait portrait soluto lavis encre de chineEncre de Chine, 30 cm x 15 cm, mars 2015

(cliquer sur les images pour les agrandir)

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Encre de Chine, 8 cm x 15 cm, mars 2015

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Encre de Chine, 8 cm x 15 cm, mars 2015

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Encre de Chine, 8 cm x 15 cm, mars 2015

autoportrait portrait soluto lavis encre de chine

Week-end à l’eau de couleur, Hardy décatie…

il y a 11 ans

portrait soluto caroline aquarelle

Caroline, 11 cm x 15 cm, Aquarelle, 2015

portrait visages soluto aquarelle

Dessins assemblés, 6 cm x 11 cm à peu près chaque, 2015

portrait soluto francoise hardy aquarelle

Hardy chez Ruquier samedi soir, « Comment te dire adieu »

Sans doute pas comme ça… Tristesse infinie…

portrait francoise hardy soluto detail aquarelle

En cliquant sur cette image, exceptionnellement agrandie, on entrera dans l’aquarelle (pour ceux, évidemment, qui ne considère pas l’aquarelle comme une technique de coloriage…)

Le bar-tabac a éteint ses billards… Un homme, une femme… Juste une seule fois…