Rejoindre la conversation
4 commentaires
Laisser un commentaire
‣ Rubriques : De Chine... · Lavis... · Paysages... · Soluto
Le Havre, fac-similé, plaisanterie numérique…
Quelques lavis, arrêt sur image, danse, visages…
Et d’autres… qui flânent…
Les mêmes gens, partout… Des touristes…
Bleu, bleu, bleu…
Portrait d’écrivain : Alphonse Boudard…
Lavis d’encre de chine et fusain, 21 cm x 29,7 cm, août 2021
Alphonse Boudard (1925-2000) est un auteur rigolo et logorrhéique.
Toute son œuvre sent le vécu, le crachat sanglant, la guerre absurde, l’abominable vie en collectivité, l’hospice, le sana, le foutre, le cachot et la démerde.
Son regard croque, sa plume gratte, pourtant rien ne frotte. Tout est fluide, troussé, captivant. Des tordus, des branques, des fourgues, des brutaux, des cavettes et des escrocs défilent sans jamais lasser. Tous ont un air de vérité incontestable qui dépasse le pittoresque et la caricature.
Parfois la nostalgie s’en mêle. Alors il devient poignant, pudique, redoutable de sobriété. On pense aux belles pages de Mourir d’enfance, quand il évoque sa mère, ou à Mariette, nouvelle qu’on peut lire dans Les enfants de cœur.
On ne trouvera pas dans ses pages de héros ni de salauds essentiels, pas d’autoflagellation ni d’excuses, mais des circonstances, une verve et le fameux désespoir poli qui fait rire.
Ses livres autobiographiques sont les plus beaux.
Japonaiserie, Au beau philodendron doré…
Je tiens à la disposition des amateurs un petit catalogue Pdf où l’on retrouve gouaches et estampes récentes. Vous pouvez en faire la demande à cette adresse solutoblog@free.fr
Mai 2021
Un éclair… puis la nuit !
Lavis d’encre de chine sur une feuille Canson 21 cm x 29,7 cm. Août 2015
De l’âpre râpe, qui nous occupait tant, il fût à peine question…
J’arrivai mal lavé de mes rancœurs, fâché d’être où je n’aurais pas cru, portant mon arriéré et mes désirs déboités. Les ajustements à coups de marteau brûlent du désir de plaire : que de poses, d’effets, de pauses et de faux plats.
Sur le grand pont de bois le temps était aux jus de fruits. Nous avons bu du vin, de la bière. Ses oreilles, qu’une aile de papillon éventait à l’italienne, chauffaient comme des quartiers d’oranges sanguines. La mer d’acier brossé était affreusement plate et l’ombre bleue des parasols nous évitait. Nous cheminions, à demi-éblouis, au bord du flou, à la myope. Le vers m’était venu en la voyant apparaitre. Je devais le couver depuis longtemps.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse.
La lumière transperçait son corsage. Elle était magnifique, plus en traits qu’en volumes.
Je rêvais donc aussitôt de grand deuil.
Comme il fallait sourire nous devînmes sérieux. Je pris la mouche pour m’envoler un peu. Je n’allais pas bien loin : l’art de la conversation ne se maitrise qu’avec indifférence. Ah, si l’on pouvait s’éloigner de soi. Le moindre égard corrompt tout, bride l’irrévérence, leste les élans. Badiner suppose qu’on cultive la part de mépris due à chacun. Nous n’étions pas à la hauteur et je m’en accusais.
La conversation savonnait. Je lui pardonnais tout par facilité. Pour ne pas paraître cuistre, à propos de verres à pied, je me retins d’évoquer Deleuze. Plus tard je pensais aussi à l’amie Nane de Toulet.
A la fin de notre entretien je la raccompagnai jusqu’à son canot. Son grand cou supportait un sourire composé. Mon pas était égal au sien, mon souffle peut-être aussi. Elle marchait droit. Agile et noble, avec sa jambe de statue.
J’étais triste d’être déçu, de n’avoir pas su nous bouger d’un iota, de ne pas l’avoir reconnue. Qu’espérais-je ? Voulais-je vraiment boire, crispé comme un extravagant, la douceur qui fascine et le plaisir qui tue ?
Nous n’avons rien tissé, rien retenu. Nous avons tricoté lâche et tout a filé.
Je n’ai pas vu germer l’ouragan.
Dessiner méchamment…
Samedi en Normandie, la pluie qui s’oublie sur mes vitres, le thé qui refroidit trop vite, les Delacre qui s’effritent et les miettes d’amande qui se mélangent aux chiures de gomme. Plus tard la Duvel au goulot et le jambon cru chiffonné dans son papier, le saucisson à l’ail fumé, le riz camarguais, d’hier, tassé dans un ramequin de porcelaine, une pomme et trois noix… Voluptés de la nutrition, joie de la solitude. Dessiner méchamment.
Encre de chine, couleur numérique, 15 cm x 21 cm
…
Très bons dessins ! J’adore !
Grand merci pour votre passage et votre commentaire. Bonne soirée à vous Michel et à bientôt.
Vos derniers dessins à l’encre sont d’une beauté … j’aime particulièrement le cabinet de toilette, Le zoom sur les pieds et les jambes d’une belle, et cette rue d’Ingouville, presque vivante…
Ne vous arrêtez pas de m’enchanter, monsieur !
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Je n’ai pas l’intention d’arrêter ! Non, non, non… Tant qu’il y aura de l’encre au fond des encriers, de la couleur dans mes tubes et de la gomme arabique dans mes godets je continuerai ! Tenez-vous le pour dit ! Et revenez vite chère Célestine…