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Lydia Wagemans, portrait pour un anniversaire…
Portraits roses et jaunes sur papier serré…
Portraits avancés…
Serge G.

Je le préférais plutôt Intoxicated Man que beurré au 51. Reste la geste suicidaire, longuette et désinhibée, qui me partage. L’ivrognerie magnifique n’est pas donnée à tout le monde. Trop souvent elle crétinise et gâte le talent. J’aimais mieux quand son 6.35 lui f’sait les yeux doux — Rien qu’un vertige, comme ça, pour rire, pan ! pan !
Quoi qu’il en soit il m’a plu d’aller le chercher par la couleur plutôt que par le trait.
Portrait de Jussi Vatanen…
Ailleurs je perds mon temps…
Huile sur toile 24 cm x 30 cm
Quand je comprends qu’il est bien tard, que les années qu’il me reste n’en finiront plus de se jeter sur moi pour mieux m’éviter, que je sens les regrets sédimenter au fond de mon cœur, je ne suis bien que là, arrimé à ma chaise, sur mon tapis de bambou, à distance de mon chevalet d’un demi bras.
Cinq litres de white spirit en bidon sous la main gauche, mes couleurs dans leurs bacs sous la droite, l’essence et l’huile dans leurs godets, les pinceaux en bouquet dans leurs pots, le front sous la lampe et ma palette chargée sur mes genoux j’attends.
Je me débarrasse du monde comme il se débarrasse de moi.
C’est un processus, pas même une fiction.
L’impensé, à coups de lignes et de masses, s’ordonne, trouve sa cohérence, se dévoile. C’est un mouvement inquiet qui cherche son apaisement par un saisissement. Je ne veux rien sinon glisser hors de moi, guidé confusément par la vibration des couleurs, par l’ivresse d’un geste délié, d’un trait retenu. Je suis dans la pâte que j’écrase sur la trame de la toile, dans la soie du pinceau, dans la main qui porte mon désir, dans l’image qui émerge.
Je me plais là, infiniment paisible, en retrait des pensées, à camper à l’abri des mots, baigné dans la sensation intense d’être au bon endroit, au bon moment.
Ailleurs je perds mon temps.
Entre la poire de vos seins et le fromage que vous me fîtes…
Audax est ad omnia quaecumque amat vel odit femina : et artificiosa est nocere cum vult…
Induction…
Michel Houellebecq, l’oscillation de la souffrance à l’ennui…
Huile sur panneau, 40 cm x 40 cm, 2014
J’ai voulu peindre Michel Houellebecq dans une gamme de gris colorés, ni trop chauds, ni trop froids, oscillant du violet minéral au vert sourd. J’ai chassé le blanc de titane de ma palette et abaissé par le jaune de Naples toutes les lumières franches afin qu’elles ne soient pas trop crues.
Le gris est la couleur de la désillusion, de la nuance. Ses inflexions, tantôt roses, tantôt mauves, tantôt bleus, chantent les regrets, la nostalgie, l’ennui, l’ironie parfois. Sans lui l’éclat n’existe pas, il n’est que bruit, fracas, éblouissement et il manque d’assise.
Je désirais rester dans la gamme des sentiments mélancoliques que les poèmes et les romans de ce grand auteur contemporain m’inspirent.
Quelle connerie la guerre ?
Non je n’oublie pas…
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Un jour j’irai à Brest, rue de Siam, et j’attendrai que quelqu’un crie son nom… Je fouillerai du regard les ombres des portes cochères, je laisserai le vent et le crachin me transpercer, je regarderai les nuages crever comme des chiens au loin, bien loin de Brest, et je penserai à l’inconnu qui l’a accueillie dans ses bras, qui a plongé son nez dans son cou palpitant, qui l’a embrassée derrière l’oreille avec le sentiment plein de vivre pour de bon… Le feu, le fer, le sang sont peut-être pour demain, il reste tant de nom de femmes à murmurer… A tout bientôt Célestine…
Merci pour ce merveilleux texte-poème que je me permets de prendre pour moi…un peu égoïstement. 😉
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Servez-vous Célestine…
Et l’autre : « souviens toi de m’oublier ».
Florent
Ah! ah! ah!… L’injonction paradoxale… Pour une fois je suis d’accord avec le pleurnichard : on n’oublie rien de rien… Ni ces jamais ni ces toujours, ni les « je t’aime » ni ces amours que l’on poursuit à travers cœurs, de gris en gris, de pleurs en pleurs… Ni ces bras blancs d’une seule nuit, collier de femme pour notre ennui que l’on dénoue au petit jour par des promesses de retour… On n’oublie rien… Et l’on s’en voudrait d’oublier…