OverBlog héberge mon blog depuis quelques années. Jusqu’à présent nos relations, quoique distantes, étaient courtoises et respectueuses. Bon an mal an tout se passait plutôt bien. Mais ces coquins m’ont prévenu et ont changé de ton : si je n’allonge pas la mitraille, si je ne migre pas vers un compte premium la publicité viendra s’incruster dans mes pages.
« OverBlog se doit aujourd’hui de s’adapter afin d’assurer sa pérennité et son développement… »
Je m’interroge donc sur l’intérêt de continuer de l’alimenter.
Je n’aime pas ces faux-airs de maitre-chanteur, cette façon de me signifier qu’il faut que je raque parce que je coûte plus que je ne rapporte. Hé ! Je le sais bien ! C’est ce qui fait mon charme en général. Je souffre donc qu’on s’en plaigne.
De surcroit il me déplait d’imposer à mes rares visiteurs la réclame de Tartempion. Je les invite à passer voir ma page, que je compose douce et sereine, et toc on profite de leur venue pour les inciter à acheter je ne sais quoi ! L’idée me crispe…
De toute façon, depuis l’expansion des « réseaux sociaux », la chute de mes visites, si j’en crois mes statistiques, est vertigineuse. Elle a été divisée par trois, et même par quatre certains jours. Pour être clair, quand je rallie quarante passages, c’est que je suis dans un bon jour !
Je ne voyais pas les choses ainsi. Je voulais utiliser Facebook pour orienter les curieux vers mon blog. Mais en m’installant naïvement dans le fil d’actualité des petits camarades je leur ai donné l’excuse, au contraire, de ne plus venir jusqu’à lui. D’un clic, d’un « J’aime » hâtif, amical, presque automatique, ils semblent m’adresser un coucou souriant, un clin d’œil au passage, un geste de connivence. Je m’en contente mais je demeure un peu frustré.
Allons ! Je sais bien que tous ces « j’aime » ne se valent pas… Quand tel artiste discret, peintre ou dessinateur, que j’aime sincèrement, me distingue dans la logorrhée d’un fil d’actu, quand telle femme naguère convoitée ou chérie appose son « j’aime » délicieux comme une trace de rouge à lèvre sur ma joue ou quand tel philosophe élégant vient souligner quelque image réussie je m’épanouis tout à fait… Mais il y a tous les revers… Les inconsistants, les dispersés, les cliqueurs compulsifs, les joyeux pitonneurs qui épuisent, épuisent, épuisent…
Je vous épargne (pas tout-à-fait) mes prompts refroidissements quand, curieux de savoir qui se cache derrière tel ou tel profil aimant, je tombe sur des citations à tire-larigot de Coelho ou de Saint Exupéry, sur des aphorismes niaiseux mal orthographiés, sur des émerveillés de la vie comme elle va ou sur des statuts furonculeux, pleins d’aigreurs et de ressentiments, tous gorgés de moraline.
Il est donc possible que je renonce à ce blog si la menace d’OverBlog est mise à exécution. Peut-être chercherai-je un autre hébergeur. Rien n’est moins sûr… Peut-être me concentrerai-je sur mon site que je mettrai à jour plus régulièrement.
Je réfléchis…
Et sur ce je file à l’atelier, mon carnet de croquis sous le bras. J’ai chargé ma clé USB de quelques albums de Petrucciani, de morceaux de Grappelli et de chansons d’Abbey Lincoln. Dans mon panier j’ai mis la moitié d’un clacos, une baguette, des pêches, des prunes et une bouteille de Saumur.
Je devrais tenir jusqu’à 22h00.
Pas la peine de venir sonner… Je n’ouvrirai pas.

Crayon — 85 mm x 125 mm — Août 2014
Pour ma part, j’y avais vu… une plume Sergent-Major…
Cher Soluto,
Quelques lectrices m’ont fait cette remarque. À vrai dire, je n’avais rien vu de tel. Mais ce pubis de lumière — quelle belle formule ! — me saute maintenant aux yeux (si je puis dire).
Encore merci pour ce montage et pour vos mots.
À vous,
Schiffter
Cher Soluto,
Avant que vous l’indiquiez, Je n’avais pas songé un seul instant à imaginer ce minuscule personnage descendant vers la « mère » et noyé dans un « pubis de lumière »…
C’est très freudien tout ça. Mais pourquoi pas.
Dans cette optique on pourrait peut-être rapprocher cette photographie d’un dessin d’Alfred Kubin : (cf. ce lien vers ligne 58)
http://revel.unice.fr/oxymoron/index.html?id=3275
A contempler cette belle couverture, au-delà d’être saisi par une ambiance empreinte de spleen, j’avais à la vérité surtout été frappé par la similarité du bâtiment perché face à la mer sur un rocher, avec l’hôtel des tourelles au Crotoy, suspendu au-dessus de la Baie de Somme. Là où j’ai passé mes meilleures heures en compagnie des oiseaux.
Chacun projette ce me semble ses souvenirs et nostalgies – ou ses démons sur le monde…
Mais que reste-t-il alors du « réel » ?
Bien cordialement
Axel
Cher Soluto, lorsque j’ai vu votre montage apparaître sur le blog de monsieur Schiffter je fus heureux de me rendre compte de la similitude d’évocation d’un pubis, à la différence que je n’y percevais pas du tout la dimension de la lumière. J’y trouvais au contraire un spleen allemand de bord du Rhin, une lumière brouageuse (cet adjectif ne veut rien dire, il me vient ici en écrivant pour tenter de décrire cette lumière et du coup je le tente). Au reste, l’image de la plume Sergent-Major suggérée par une de vos fidèles me sied tout particulièrement. Enfin, impossible d’exclure Magritte évidemment. Avec toutes mes amitiés.