Après tant de dessins domptés, contraints, soumis au caprice ou à la volonté, voici quelques dessins d’abandon… Délice du premier jet, joie du coloriage, régal de l’image qui monte, qui musarde, qui s’enivre… Délaisser la technique, le savoir-faire, le métier acquis à coup de repentir… Cultiver la maladresse, l’accueillir, la rendre complice. Joie de la marge, du temps volé, de l’aléatoire. Du trait définitif… Ecraser la mine, meurtrir le papier, faire briller le graphite… Mauvais papier, mauvais crayon…. Surtout s’en donner à cœur-joie avant que ne sonne la fin de la récrée… Avant que ne reviennent, tyranniques, l’exigence du juste trait et du dessin bien balancé…
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‣ Rubrique : Crayons...
Chignon banane…
Croquis havrais… Au bout du pont Denis Papin, les murs aveugles…
Ecorchons-nous…
Femmes croquées…
Bonnes mines…
Feuille de septembre…
Pages de bloc sténo…
Le Havre de… et feuille de décembre…
Dont je suis idolâtre…
— En bonne foi, crois-tu, sans t’éblouir les yeux,
Avoir de grands sujets de paraître joyeux ? — Parbleu ! je ne vois pas, lorsque je m’examine,
Où prendre aucun sujet d’avoir l’âme chagrine.
J’ai du bien, je suis jeune, et sors d’une maison
Qui se peut dire noble avec quelque raison ;
Et je crois, par le rang que me donne ma race,
Qu’il est fort peu d’emplois dont je ne sois en passe
Pour le cœur, dont sur tout nous devons faire cas,
On sait, sans vanité, que je n’en manque pas,
Et l’on m’a vu pousser, dans le monde, une affaire
D’une assez vigoureuse et gaillarde manière.
Pour de l’esprit, j’en ai sans doute, et du bon goût
A juger sans étude et raisonner de tout,
A faire aux nouveautés, dont je suis idolâtre,
Figure de savant sur les bancs du théâtre,
Y décider en chef, et faire du fracas
A tous les beaux endroits qui méritent des has.
Je suis assez adroit ; j’ai bon air, bonne mine,
Les dents belles surtout, et la taille fort fine.
Quant à se mettre bien, je crois, sans me flatter,
Qu’on serait mal venu de me le disputer.
Je me vois dans l’estime autant qu’on y puisse être,
Fort aimé du beau sexe, et bien auprès du maître.
Je crois qu’avec cela, mon cher ami, je crois
Qu’on peut, par tout pays, être content de soi…
Molière
Le Misanthrope, Acte III, Scène première…
délaisser la technique… aussi ?! Je regarde… à n’y pas croire 🙂 n’est-ce pas un peu comme le velo… quand elle est acquise, impossible de l’oublier ? mais grâce à elle quelle liberté… merci.
« Délaisser la technique, le savoir-faire… » Mon oeil ! Formidable ils sont formidables ces dessins ! Superbe !… Ha, c’est vraiment bien ! Le type qui mégote et l’autre du dessus, qui pointe son arme… les mains… Et puis, le cri dans le VIF, tout ! J’aime ! Ils vous vont drôlement bien ces noirs et blancs et ces contre-jours ! Bon, bon, je sais, je laisse que trop rarement des commentaires et le regrette déjà, pourtant, croyez bien que je n’en loupe pas une miette. Emportée par mon enthousiasme, je me devais de vous le dire. Soluto, faites en sorte que vos dessins continuent à me ravir !
« Joie de la marge, de l’aléatoire… », qu’est-ce que c’est jouissif, comme partir à la découverte, sans obligation du résultat...
Mais il est vrai que même avec premier jet, vous êtes un grand maître! Sincèrement.
> Vous avez raison Elise… On n’oublie jamais rien… Peut-être s’agit-il juste de tenter de ranger les habitudes et les tics de dessin (ceux qui m’agacent si fort chez les autres et que je regarde trop souvent avec complaisance chez moi, comme la preuve d’un savoir-faire…) Peut-être s’agit-il de descendre un peu plus profond, en apnée, pour retrouver l’ivresse des profondeurs. Mouais… peut-être…
> Milène!! Le retour!!! Bonheur… Ah, ah, ah… Je retrouve votre ton… L’on m’a dit que vous alliez ouvrir dans les mois qui viennent une Galerie Librairie? c’est vrai c’t’affaire? (Ne répondez pas là… Faites moi un petit message privé… Confirmez moi au plus vite cette bonne nouvelle…) A tout bientôt… Revenez vite…
> Chère Flora, vous avez trouvé le mot juste : jouissif! Pour un gars comme moi qui se garde bien des plaisirs immédiats (Okay, parfois, je cède à la facilité des petites joies de l’instant… Il y a des bonheurs qui ne se diffèrent pas…) il y a dans cette aventure au crayon une errance qui me comble… Merci de votre soutien si constant… Au plaisir Flora…