
… Une fois mon pote déposé, le casque que je lui avais prêté dans le pli de mon bras, je suis repassé devant Claire qui attendait toujours qu’on la ramène. L’occasion était trop belle de jouer les chevaliers servants. Je me suis arrêté et, dégageant ma tignasse frisée du casque qui l’étouffait, je lui ai proposé de la ramener avec un sourire timide. Elle a regardé ma moto avec un peu d’inquiétude et n’a pas dit non. Je l’ai aidée à enjamber ma jolie mécanique, lui ai montré comment attacher la jugulaire et d’un coup de talon vigoureux j’ai mis les gaz. Elle m’a gentiment tapé sur l’épaule et m’a demandé où l’on se tenait en agitant ses mains blanches, ainsi que le font, c’est bien connu, les petites marionnettes. J’ai attrapé ses poignets (c’est là que commence le piège à filles…) et je l’ai amené doucement à entourer ma taille de ses bras charmants. Au moment où nous démarrions l’autocar de la Compagnie Normande d’Autobus montrait sa face mafflue et descendait vers nous. C’était en 1976…