Première soirée…

il y a 13 ans

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(Toujours extrait de la même toile à venir… Quel suspens!)

Première soirée

Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près. Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins. Je regardai, couleur de cire,
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, – mouche au rosier. Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal. Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent :  » Veux-tu finir ! « 
La première audace permise,
Le rire feignait de punir ! Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
Elle jeta sa tête mièvre
En arrière :  » Oh ! C’est encor mieux !… Monsieur, j’ai deux mots à te dire… « 
Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien… Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

 

 

 

   Arthur Rimbaud

Elle est gaie et pensive ; elle nous fait songer…

il y a 13 ans

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(Toujours extrait de la même toile à venir… Quel suspens!)

Elle est gaie et pensive ; elle nous fait songer
À tout ce qui reluit malgré de sombres voiles,
Aux bois pleins de rayons, aux nuits pleines d’étoiles.
L’esprit en la voyant s’en va je ne sais où.
Elle a tout ce qui peut rendre un pauvre homme fou.
Tantôt c’est un enfant, tantôt c’est une reine.
Hélas ! Quelle beauté radieuse et sereine !
Elle a de fiers dédains, de charmantes faveurs,
Un regard doux et bleu sous de longs cils rêveurs,
L’innocence, et l’amour qui sans tristesse encore
Flotte empreint sur son front comme une vague aurore,
Et puis je ne sais quoi de calme et de vainqueur !
Et le ciel dans ses yeux met l’enfer dans mon cœur !

 

   Victor Hugo

 

 
A 

 

Amour, je ne me plains de l’orgueil endurci…

il y a 13 ans

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(Toujours extrait de la même toile à venir… Quel suspens!)
 

 
Amour, je ne me plains de l’orgueil endurci

Amour, je ne me plains de l’orgueil endurci,
Ni de la cruauté de ma jeune Lucrèce,
Ni comme, sans recours, languir elle me laisse :
Je me plains de sa main et de son godmicy. C’est un gros instrument par le bout étréci,
Dont chaste elle corrompt toute nuit sa jeunesse :
Voilà contre l’Amour sa prudente finesse,
Voilà comme elle trompe un amoureux souci. Aussi, pour récompense, une haleine puante,
Une glaire épaissie entre ses draps gluante,
Un œil hâve et battu, un teint pâle et défait, Montrent qu’un faux plaisir toute nuit la possède.
Il vaut mieux être Phryne et Laïs tout à fait,
Que se feindre Portie avec un tel remède.

 

 

Pierre de Ronsard (1524-1585)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bout de toile… (extrait avec deux femmes)

il y a 13 ans

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Acrylique sur toile   (détail)   2012

Mes petites amoureuses

 

 

 

Un hydrolat lacrymal lave
   Les cieux vert chou :
Sous l’arbre tendronnier qui bave,
   Vos caoutchoucs

Blancs de lunes particulières
   Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères
   Mes laiderons !

Nous nous aimions à cette époque,
   Bleu laideron !
On mangeait des œufs à la coque
   Et du mouron ! Un soir, tu me sacras poète
   Blond laideron :
Descends ici, que je te fouette
   En mon giron;

J’ai dégueulé ta bandoline,
   Noir laideron ;
Tu couperais ma mandoline
   Au fil du front.

Pouah ! mes salives desséchées,
   Roux laideron
Infectent encor les tranchées
   De ton sein rond !

Ô mes petites amoureuses,
   Que je vous hais !
Plaquez de fouffes douloureuses
   Vos tétons laids !

Piétinez mes vieilles terrines
   De sentiments;
Hop donc ! Soyez-moi ballerines
   Pour un moment !

Vos omoplates se déboîtent,
   Ô mes amours !
Une étoile à vos reins qui boitent,
   Tournez vos tours !

Et c’est pourtant pour ces éclanches
   Que j’ai rimé !
Je voudrais vous casser les hanches
   D’avoir aimé !

Fade amas d’étoiles ratées,
   Comblez les coins !
Vous crèverez en Dieu, bâtées
   D’ignobles soins !

Sous les lunes particulières
   Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères,
   Mes laiderons.

  Arthur Rimbaud   1871

Pére, mère, soeur et tatas à Royan…

il y a 13 ans

Soluto peinture dessin Regard Coupable Jean Roger Caussimon  
Acrylique sur toile   100 cm x 100cm   2012

Papa… Toujours tu courras sur la plage ! Toujours je te poursuivrai avec mon seau d’eau de mer qui bringuebalera au bout de mes bras tendus. Et jamais, même quand tu seras vieux, je ne te rattraperai… Je te verrai à jamais à genoux dans le sable, les fesses en l’air, pour bâtir notre château tout en douves et créneaux, si joliment décoré de coquillages.

Et toi maman, tu n’en finiras jamais de relire ces bouquins compliqués dont les titres à eux seuls sont de profondes énigmes. Tes cours d’aquagym pour mincir et tes exercices de respiration feront de toi la plus belle contre toutes les autres et à tout jamais.

Je vous sais pour l’éternité derrière moi vous tenant par la main, épaule contre épaule, le soir à la promenade quand le ciel devient mauve, et je serai toujours sous votre regard bienveillant celui qui poussera tendrement une sœur qui, sans cesse, s’endormira en souriant…

 

Même quand elle ne sera plus là, que les années auront passé, je reconstruirai  par mon imagination la seule vraie vie qui vaille et qui jamais ne saura passer…

 

 

« Partir disiez-vous… 1976 » la toile dans son ensemble…

il y a 14 ans

Soluto peinture dessin Regard Coupable Jean Roger Caussimon  
Acrylique sur toile   100 cm x 100cm   2012

… Une fois mon pote déposé, le casque que je lui avais prêté dans le pli de mon bras, je suis repassé devant Claire qui attendait toujours qu’on la ramène. L’occasion était trop belle de jouer les chevaliers servants. Je me suis arrêté et, dégageant ma tignasse frisée du casque qui l’étouffait, je lui ai proposé de la ramener avec un sourire timide. Elle a regardé ma moto avec un peu d’inquiétude et n’a pas dit non. Je l’ai aidée à enjamber ma jolie mécanique, lui ai montré comment attacher la jugulaire et d’un coup de talon vigoureux j’ai mis les gaz. Elle m’a gentiment tapé sur l’épaule et m’a demandé où l’on se tenait en agitant ses mains blanches, ainsi que le font, c’est bien connu, les petites marionnettes. J’ai attrapé ses poignets (c’est là que commence le piège à filles…) et je l’ai amené doucement à entourer ma taille de ses bras charmants. Au moment où nous démarrions l’autocar de la Compagnie Normande d’Autobus montrait sa face mafflue et descendait vers nous. C’était en 1976…