Avant que ne reviennent (ou la dernière aventure du vieux Lemmy in Bêta Town…)

il y a 15 ans

Après tant de dessins domptés, contraints, soumis au caprice ou à la volonté, voici quelques dessins d’abandon… Délice du premier jet, joie du coloriage, régal de l’image qui monte, qui musarde, qui s’enivre… Délaisser la technique, le savoir-faire, le métier acquis à coup de repentir… Cultiver la maladresse, l’accueillir, la rendre complice. Joie de la marge, du temps volé, de l’aléatoire. Du trait définitif…  Ecraser la mine, meurtrir le papier, faire briller le graphite… Mauvais papier, mauvais crayon…. Surtout s’en donner à cœur-joie avant que ne sonne la fin de la récrée… Avant que ne reviennent, tyranniques, l’exigence du juste trait et du dessin bien balancé…

Au miroir…

il y a 16 ans

Elle martyrisait à plaisir sa mémoire
C’était au beau milieu de notre tragédie
Le monde ressemblait à ce miroir maudit
Le peigne partageait les feux de cette moire
Et ces feux éclairaient des coins de ma mémoire

 

Au 47 bis de la rue J.J.Rousseau Marion rêvasse ou chante la vie profonde…

il y a 16 ans

La vie profonde

Être dans la nature ainsi qu’un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l’orage,
La sève universelle affluer dans ses mains ! Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l’espace ! Sentir, dans son coeur vif, l’air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre.
– S’élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l’ombre qui descend. Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l’eau,
Et comme l’aube claire appuyée au coteau
Avoir l’âme qui rêve, au bord du monde assise…

 

  Anna de NOAILLES