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‣ Rubriques : De Chine... · Soluto
Dessiner méchamment…
Samedi en Normandie, la pluie qui s’oublie sur mes vitres, le thé qui refroidit trop vite, les Delacre qui s’effritent et les miettes d’amande qui se mélangent aux chiures de gomme. Plus tard la Duvel au goulot et le jambon cru chiffonné dans son papier, le saucisson à l’ail fumé, le riz camarguais, d’hier, tassé dans un ramequin de porcelaine, une pomme et trois noix… Voluptés de la nutrition, joie de la solitude. Dessiner méchamment.
Encre de chine, couleur numérique, 15 cm x 21 cm
…
Amours brouillées…
Larry et le Guggenheim de Bilbao…

Le visage chafouin du gars Larry correspond bien à mon enthousiasme. Je veux dire question retour en Normandie…
Si j’ai vu de belles choses ici ou là pendant mon périple? C’est rien de le dire… Des merveilles. Des trucs intimes qui ne se partagent pas bien par le web.
Si j’en ai vu de drôles? Ah bah oui alors…
Allez, prenons un exemple au hasard. Figurez-vous qu’un gars a réussi à caser au Guggenheim de Bilbao le contenu d’un container rempli de déchets de chantiers… Des plaques ébréchées de placo, des débris de plâtre, des bidons ou des lames de stores tordues… Il a éparpillé tout ça en quelques îlots dans une grande salle magnifique et c’est devenu une œuvre d’art. Fortiche non?
On vous raconte la démarche de l’artiste dans des audiophones sur un ton convaincu. Du papotage. Ça parle de sculptures éphémères. Il est question de la « recherche de l’auteur ». Entre nous ça cherche plus que ça trouve dans cette salle-là…
Personne parmi les visiteurs en tongs ne moufte… On tourne autour des petits tas, des monticules, des étalages en se demandant si c’est pas un gag pour la caméra cachée. On est quand même sans illusions parce qu’on en a vu d’autres, ailleurs. On pourrait sourire, mais non. On prend des airs concernés ou des mines profondes. Certains prennent des notes. Sans doute qu’on a la trouille de passer pour d’affreux réactionnaires qui ne comprendraient rien à l’art contemporain.
Des fois, moi, j’ai peur de trop bien comprendre… Je veux dire le réseau, les cooptations, l’intérêt des complices à maintenir l’illusion d’une certaine forme d’intelligence… C’est un petit monde plutôt incestueux, l’art contemporain institutionnel… Il y a de la dégénérescence. Je trouve que les derniers poulots ont l’air taré. Faudrait pouvoir voir les caryotypes avant de se prononcer définitivement…
Passons, on connaît tout ça… D’autres savent mieux que moi tailler les costards et ne sont pas plus entendus.
Je sens des futés, derrière leurs écrans, qui se demandent pourquoi je persiste à aller me faire du mal dans des endroits pareils… C’est parce que, parfois, on y trouve quand même de belles choses (un commissaire d’exposition ou un conservateur n’est jamais à l’abri d’un acte manqué !)
C’est aussi parce que ça renforce mon intérêt pour les sans-noms, talentueux ou pas, les besogneux et les tâcherons de la peinture qui font des travaux sensas ou consternants, les humbles artistes qui accrochent peu, ou mal, et qui bossent dans leur coin sans le soutien de personne.
Hé ! Oh ! ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Je sais que le gros de cette troupe est aussi composé de gros nuls. Je ne chante pas le contraire ! Je dis juste qu’on n’est pas obligé de venir avec son bagage de morgue pour y faire son marché et qu’ils ne vous payent pas de mots… Ce n’est déjà pas si mal.
La prochaine fois je serai moins bavard…
Je compte sur un retour à l’atelier pour calmer certaines de mes passagères aigreurs…
Le petit pot de glace…
Bernard fait le guet…

Grégoire…
Retour…

« Je tombe, je tombe, je tombe… »

Je tombe, je tombe, je tombe
Avant d’arriver à ma tombe
Je repasse toute ma vie
Il suffit d’une ou deux secondes
Que dans ma tête tout un monde
Défile tel que je le vis Ces images sous mes paupières
Font comme au fond d’un puits les pierres
Dilatant l’iris noir de l’eau
C’est tout le passé qui s’émiette
Un souvenir sur l’autre empiète
Et les soleils sur les sanglots Ô pluie, ô poussière impalpable
Existence couleur de sable
Brouillard des respirations
Quel choix préside à mon vertige
Je tombe et fuis dans ce prodige
Ma propre accélération
Louis Aragon (le Roman Inachevé)
Bonne année cher Laurent.
J’apprécie toujours autant ton graphisme qui donne vie à ces monolithes criant leurs vies avortées.
Au plaisir de te lire.
François
Un grand merci cher François. Je te souhaite tout le meilleur du monde, une santé de fer, de belles lectures, de grandes randonnées, une âme vigoureuse pour supporter les spasmes et les tremblements de nos sociétés souffreteuses.
La suite, ce sera en message privé, d’ici quelques jours… A très bientôt.