Par Toutatis…

il y a 15 ans

Lui c’est Alex. C’est un teigneux qui s’y croit parce qu’à l’issue d’un casting on l’a embauché sous le titre de « première doublure ». Pour sûr, ça l’a grandi d’un coup ! Mais il est devenu tyrannique. Même à dessiner il fait des histoires, c’est dire… Il n’est pas de ceux qu’on redresse d’un coup de gomme !

Monsieur fait sa star. Pas question qu’il passe lui-même son casque au Miror ! Par contre il ne se fait pas prier pour aller remplir sa gourde de potion magique. On ne sait ce que c’est, son furieux rince-cochon. La formule, comme il se doit, est restée secrète, mais ça lui fout les bulots en mydriase dès la deuxième gorgée… L’embêtant quand il a bu, surtout l’été quand il fait chaud, c’est qu’il fait un peu n’importe quoi. Il est vite pénible avec les petites stagiaires. Il leur débite d’insanes gauloiseries, fait le coq, veut jouer à colin-maillard ou à cache-cache et esquisse des gestes un peu tendancieux. On comprendra bien que ce n’est pas bon pour l’image, ni pour l’ambiance familiale du lieu…

D’ailleurs il ferait bien de se méfier. Certains soirs on l’a vu, devant un parterre choisi de japonais qui opinaient du chef (toujours somnolant sur son bouclier celui-là, mais ça c’est une autre histoire…) frapper ses petits pectoraux, sauter sur place et dire « l’identité nationale c’est moi ! » Autant vous dire que si ça remonte jusqu’à la direction le syndicat ne pourra pas faire grand-chose pour lui… Faudra pas qu’il vienne se plaindre s’il se retrouve à nettoyer la cage aux marcassins…

 

Quant au monsieur, derrière, qui traîne sa mollesse et sa mélancolie, en fait, c’est une femme. C’est même la sienne. Elle s’appelle Maryline. Dans les vestiaires, avant la représentation, elle se colle une moustache et des gros sourcils roux pour faire illusion. Ça donne le change. En tout cas les petits enfants n’y voient que du feu. Avec des sangles dissimulées dans ses braies et sous ses seins (le talc n’est pas fourni) on lui attache un menhir en polystyrène peint dans le dos et le tour est joué. Pour les grandes parades elle doit chausser un faux pif. Elle n’y tient pas, à cause de son eczéma des narines.

Elle est gentille Maryline. Elle rattrape le coup avec les stagiaires, assure les remplacements quand il y a des défections ou des trous dans les plannings et donne même un coup de main aux romains pour enfiler les costumes.

 

Il n’y a pas longtemps qu’on sait qu’ils sont collés, eux deux. Ils avaient gardé la chose secrète et même fait bien des mystères pour la reconnaitre. Malins comme on est, on a vite compris qu’ils avaient des choses à cacher… On a ouvert notre boîte à fantasmes et on s’est mis à gloser à l’infini en salle de pause, moi le premier, pour les imaginer à l’horizontale… Certains se demandaient s’ils avaient une vie sexuelle normale ou si de drôles de perversions les unissaient… S’ils faisaient participer le chien (parce qu’ils en ont acheté un qu’ils ont appelé Fixette…) ou s’ils se torchonnaient gravement avant de grimper au septième ciel… On bavait nos cochonneries à deux balles en se tenant les côtes, fiers de nous exciter sur les improbables turpitudes de notre bouc à mystères…

 

Mais moi qui ai tant ri, je n’ai jamais su dire à mes collègues que je les avais vu main dans la main, par hasard, un week-end de printemps, au bord de l’Allier… Que je les avais suivis longtemps pour voler leurs rires… Que j’avais vu cette moitié d’homme se détacher souplement de sa grosse Maryline pour arracher d’un talus échevelé une petite fleur bleue (ouais, ouais, rigolez…) et la lui offrir. 

Comment raconter que ma gorge s’était serrée quand je l’avais vue se pencher sur lui pour l’embrasser doucement, amoureusement? Que j’avais souffert de leur complicité et ravalé d’un coup toute ma suffisance…Que la honte me rendait tremblant jusqu’à manquer de défaillir.

Et puisqu’il fallait forcément que je la boive toute entière ma honte, cet Alex, sans doute saisi d’une intuition, s’est retourné lentement vers moi. Son regard bienheureux et apaisé a rencontré le mien. J’ai balbutié un bonjour métallique, incongru, qui ne m’appartenait pas, auquel il a répondu avec un sourire confiant qui a achevé de me clouer sur place.

 

Le bonheur qu’on surprend est toujours indécent. Il résiste à l’envahisseur. L’invincible petit gaulois de carnaval avait beau jeu de me plonger son glaive en plein cœur…

Simone and C°…

il y a 16 ans


C’est marrant, elles étaient déjà assises là, dans ce square, il y a cinquante ans… Elles attendaient les deux gars fringants dont elles sont veuves maintenant. Elles se chicanent pour des bagatelles, tournent leur nez pour des riens mais sont copines depuis toujours.

Le samedi après-midi elles sont aux premières loges pour voir les mariés faire des photos sous les arbres, près du bassin. Elles font des pronostics sur la longévité des couples… « Y allez pas ! Ils seront divorcés avant qu’on soient mortes !». Elles balancent ça aux invités qui plaisantent en fumant et qui traînent pour aller poser sur la photo de groupe… Elles rigolent devant leurs mines interrogatives. Ça ne fait rire qu’elles, et encore, pas longtemps…

Mais elles savent aussi vieillir en silence. Parfois lassées par toutes ces heures qui se ressemblent, elles baillent. Leurs dentiers se décrochent et claquent. Ça les réveille à peine…

Quand on s’assoit à côté d’elles, elles ne se gênent pas pour vous dévisager mais dès qu’on les branche, elles sont bavardes. Il y a toujours un moment triste où elles finissent par dire que les années ont défilé trop vite. Pourtant, si on pousse l’entretien, elles estiment quand même que le temps est long… Au fond elles sont paradoxales. Quand on le leur dit, elles répliquent qu’elles ont passé l’âge de se faire insulter !

Entre nous, c’est le moment que je préfère pour mettre une tape sur le genou de Simone, pour me lever et me casser…

« Vies à la ligne » n’est pas arrivé partout… La distribution aurait pris un peu de retard… Cependant certains d’entre vous m’ont signalé qu’il était plus rapide d’aller le chercher en librairie (moi je vais ) que de le commander sur le Net. L’on peut bien sûr le commander sur le site Des Rêveurs

Max et les placards..

il y a 16 ans

Max a toujours de la sciure dans sa moustache. Il est menuisier en retraite, parait-il… Au bout du deuxième perniflard il dit qu’il va me filer un coup de main pour poser les placards dans la chambre de ma fille. On prend des rendez-vous, je l’attends, il vient pas… Il a l’air à chaque fois tellement catastrophé que j’ose pas l’engueuler. Mais ma gamine, qui ne sait rien de sa tronche de Gepetto contrarié, elle grognonne ! Déjà qu’elle est pas contente que maintenant je traîne un peu dans les bistrots, le soir, après le gratin… Elle, elle me dit que si j’avais commandé la pose en même temps, chez Casto, ça serait fait! Je peux quand même pas lui avouer que j’ai tiré ces foutus planches et cent vingt-cinq mètres de cuivre sur un chantier avec Lulu. Ça ferait encore des histoires. C’est qu’elle est pas commode ma fille ! Elle a le même caractère que sa mère…

Oh sa mère… Le tableau… Je supportais plus…

J’y ai foutu le chaud Roger dans les pattes, à ma grosse. Il était pas contre. Tu penses… Depuis qu’il est veuf, c’est pas souvent qu’il quimpe… On s’était arrangé tous les deux, mis d’accord sur le prix du service. Hé ! Entre nous, il se la pète le Roger, ses charmes valent pas le montant qu’il exige. Si j’ai banqué cher, c’est pour conclure vite… Je leur suis tombé sur le poil, entre deux dépannages, un midi, prétextant un yaourt pour compléter ma galtouse! Ah, fallait les voir ! Ma pauvre Maryse qui débordait de sa nuisette en satinette et mon Roger qui lui roulait des saucisses, le valseur à mi-cuisse… Ajoutez en bande son le canapé du salon qui grinçait rythmiquement ! Un régal d’amateur de cocasse ! Bon, passons… J’ai fait mon numéro ! « Salope!» que je gueulais, les bras en l’air… Et tandis qu’elle ramassait son string noir (pauvre Maryse…) pour battre en retraite dans la chambre à coucher, je faisais les deux pouces triomphants à mon cabot de Roger qui se marrait comme une baleine… « J’ai cru que t’allais jamais arriver » qu’il m’a dit à l’étouffée en remontant son falzar. On a beau avoir cinquante piges, on est restés gamins…

Trois jours après, penaude, elle avait foutu le camp. On s’emploie pendant des années à dégouter son conjoint sans succès alors qu’il suffit d’une combine amusante pour vous en débarrasser… Ce que c’est, tout de même, d’avoir de l’imagination… Où j’en étais ?…  Oui, ma fille… Je pensais qu’elle prendrait fait et cause pour sa vieille, moi, et qu’elle lui emboiterait la tangente… Ben, pas du tout ! Elle a pas digéré l’incartade de sa mère ! Veut plus la voir ! Elle s’impose une mission : rester avec moi pour pas que je me laisse abattre. Elle interprète mes apéros du soir comme des « tentatives d’automédications antidépressives » (elle ferait bien d’arrêter la fac de psycho, ça lui prend le chou !)…

Et en plus elle m’emmerde pour que je lui monte ses placards !!!  

Va falloir que je monte une bricole pour m’en débarrasser… Je crois qu’il est grand temps que je l’aide à conclure son œdipe…

Regardez bien en face l’année qui vient…

il y a 17 ans


Bonne Année, Soyez doux avec vous-même
Profitez bien de la vie comme elle est
Cessez de croire et d’espérer
Soyez
Ne vous laissez pas broyer les arpions par les demis sels
Mangez gras si vous l’assumez
Buvez dru les jours où ça rigole
Ouvrez grands vos quinquets et vos esgourdes
Faites confire les aulx dans leur capuchon
(un bienfait n’est jamais perdu…)
Embrassez qui vous voulez, Carmen sera toujours Carmen
Pensez que le meilleur arrive toujours par surprise Et n’oubliez pas de venir faire un tour sur ce blog
(Mettez moi donc dans vos flux, c’est plus sûr…)
La grosse bise à tous
Sol

Scène de la vie moderne n°12

il y a 17 ans

Le jeu de gambettes des petites retraites…
Pourquoi qu’elle fait la gueule Raymonde? Elle s’est fait chourrer son I-Pod à la cantoche pendant qu’elle allait péniblement remplir la cruche… C’est encore Léon… On a trissé pour le rattraper… T’aurais vu la course poursuite des déambulateurs dans le couloir… Quand la porte de l’ascenceur s’est refermée sur sa bouille réjouie on a compris que c’était mort. L’infirmière est bien allée le voir, mais il a fait le dément, çui qui sait plus rien, qu’était pas là et qui voudrait encore du dessert… La vérité c’est que c’est pour son petit-fils… Il les revend à l’école et ils partagent le grisbi. De toute façon Raymonde, son I-Pod c’est que pour nous frimer, elle est encore plus sourde que Gigi la Moldu… Moi, les filles, j’ai qu’un conseil à vous donner! Surveillez la piaule du gars Léon. Dans pas longtemps il va y avoir du flambe et un coup à boire! Y aura même sûrement un peu de gambille… Question fémur, ça va craquer du col!…

Kévin, gueule d’amour…

il y a 18 ans

Un drôle de lascar qui savate à tout va, une teigne frustre qui n’entend rien, dont les yeux bleus, un peu bovins, crachent des éclairs quand ça barde… En voilà un qui, à seize ans, a déjà trois piges de sursis et une obligation de soins (il a fracassé un type qui lui a mis une petite tape à l’oreille un jour d’otite… Il a vu rouge, l’autre s’est retrouvé dans le comas avec des itt* à perte de vue…) Il a aussi décroché son pendu d’ancien beau-père et se prend des roustes par le tout nouveau, un gros gabarit qui lui écrase la face dans tous les coins de porte ! Il a une dent cassée en biais qui brille le samedi soir dans la lumière des spots du Fergusson Box, où il tente de lever des filles… Il dit que ça marche. Je ne me suis pas permis de mettre en doute sa parole…

 

 

 

*Interruption temporaire de travail

 

 

Marjorie

il y a 18 ans

Marjorie, toute engluée dans le désir de sa mère, fait de jolies caprices de starlette… Elle touche à tout, n’écoute rien, ne comprend pas grand chose et tutoie tous les adultes. Sa mère pense avoir pondu-là une merveille incontestable. Pendant que je m’occupais de sa fille je l’ai autorisée, pour patienter et la faire taire,  à farfouiller dans ma bibliothèque. Elle est tombée sur des images de Jake et Dinos. Mauvaise pioche. Je ne crois pas qu’elle viendra chercher, ni ne me paiera, le portrait de sa fille…

Entretien sur Prefigurations.com

il y a 18 ans

Préfigurations.com a fait un entretien sur mon travail…

Il est tout chaud,  j’ai fini de répondre aux questions hier soir in the night…

 

Il suffit de cliquer sur l’image et hop ! On y est…

 

Merci à tous de vos visites… A bientôt…

 

Soluto

 

L’entretien est aussi là :

 

 

http://www.prefigurations.com/36flou/flou_soluto.htm

 

 

Le diaporama là :

http://www.prefigurations.com/36flou/soluto/index.html

 

 

Et le site Prefigurations.com ici

www.prefigurations.com

A dix heures j’étais opérationnel…

il y a 18 ans


Je suis le responsable de l’image d’été de Coconino et j’en suis très heureux…

L’image "brute" se trouve
(c’est une acrylique sur panneau de 42×29,7cm)

Et l’on peut aussi cliquer sur:

Groupes n°1
Groupes n°2
Feuilles de Routes
Morceaux Choisis

pour retrouver mes portfolios chez CoconinoWorld…

Quelques petits problèmes de messagerie m’ont sûrement fait rater quelques mails. J’en suis désolé. Théoriquement, c’est réparé…

Elle me prend pour un autre…

il y a 18 ans


  On remontait tranquillement vers Saint Adresse. Elle avait mis des vieux trucs dans le mp3. Des morceaux de Mancini, et aussi de Peterson et Gillespie. On avait l’air fin, chacun une oreillette dans l’oreille, absorbés par la musique. En marchant elle a roulé une cigarette. Une fois léchée de son bout de langue rose et collée d’un geste expert elle me l’a tendue pour que je l’allume. J’ai, bien sûr, été surpris. On faisait comme ça naguère, mais il y a quand même des années que j’ai arrêté de fumer. Des fois, j’en suis sûr, elle me prend pour un autre… Sans doute pour celui que j’étais avant. On s’est assis ensuite devant cette maison-là parce que je voulais la dessiner. Elle s’est posée à côté de moi pour profiter d’Alone Together du vieux Dizzy. Puisqu’elle était là, je lui ai demandé de me tenir mon pot d’eau et ma soucoupe aux trois gouttes d’encre. Elle a rechigné, puis elle a cédé. Assez rapidement quand même elle a dit: "Allez, c’est bon, tu finiras plus tard…" J’ai voulu faire durer le plaisir mais elle m’a dévissé l’oreillette, est allée vider la flotte dans le caniveau et a posé la soucoupe sur  le bord du trottoir. Puis elle s’est tirée. J’ai trouvé que c’était une jolie fin. Qu’elle n’espère pas que je la rappelle…