Scène de la vie moderne n°12

il y a 17 ans

Le jeu de gambettes des petites retraites…

Pourquoi qu’elle fait la gueule Raymonde? Elle s’est fait chourrer son I-Pod à la cantoche pendant qu’elle allait péniblement remplir la cruche… C’est encore Léon… On a trissé pour le rattraper… T’aurais vu la course poursuite des déambulateurs dans le couloir… Quand la porte de l’ascenceur s’est refermée sur sa bouille réjouie on a compris que c’était mort. L’infirmière est bien allée le voir, mais il a fait le dément, çui qui sait plus rien, qu’était pas là et qui voudrait encore du dessert… La vérité c’est que c’est pour son petit-fils… Il les revend à l’école et ils partagent le grisbi. De toute façon Raymonde, son I-Pod c’est que pour nous frimer, elle est encore plus sourde que Gigi la Moldu… Moi, les filles, j’ai qu’un conseil à vous donner! Surveillez la piaule du gars Léon. Dans pas longtemps il va y avoir du flambe et un coup à boire! Y aura même sûrement un peu de gambille… Question fémur, ça va craquer du col!…

Kévin, gueule d’amour…

il y a 17 ans

Un drôle de lascar qui savate à tout va, une teigne frustre qui n’entend rien, dont les yeux bleus, un peu bovins, crachent des éclairs quand ça barde… En voilà un qui, à seize ans, a déjà trois piges de sursis et une obligation de soins (il a fracassé un type qui lui a mis une petite tape à l’oreille un jour d’otite… Il a vu rouge, l’autre s’est retrouvé dans le comas avec des itt* à perte de vue…) Il a aussi décroché son pendu d’ancien beau-père et se prend des roustes par le tout nouveau, un gros gabarit qui lui écrase la face dans tous les coins de porte ! Il a une dent cassée en biais qui brille le samedi soir dans la lumière des spots du Fergusson Box, où il tente de lever des filles… Il dit que ça marche. Je ne me suis pas permis de mettre en doute sa parole…

 

 

 

*Interruption temporaire de travail

 

 

Marjorie

il y a 17 ans

Marjorie, toute engluée dans le désir de sa mère, fait de jolies caprices de starlette… Elle touche à tout, n’écoute rien, ne comprend pas grand chose et tutoie tous les adultes. Sa mère pense avoir pondu-là une merveille incontestable. Pendant que je m’occupais de sa fille je l’ai autorisée, pour patienter et la faire taire,  à farfouiller dans ma bibliothèque. Elle est tombée sur des images de Jake et Dinos. Mauvaise pioche. Je ne crois pas qu’elle viendra chercher, ni ne me paiera, le portrait de sa fille…

Entretien sur Prefigurations.com

il y a 18 ans

Préfigurations.com a fait un entretien sur mon travail…

Il est tout chaud,  j’ai fini de répondre aux questions hier soir in the night…

 

Il suffit de cliquer sur l’image et hop ! On y est…

 

Merci à tous de vos visites… A bientôt…

 

Soluto

 

L’entretien est aussi là :

 

 

http://www.prefigurations.com/36flou/flou_soluto.htm

 

 

Le diaporama là :

http://www.prefigurations.com/36flou/soluto/index.html

 

 

Et le site Prefigurations.com ici

www.prefigurations.com

A dix heures j’étais opérationnel…

il y a 18 ans


Je suis le responsable de l’image d’été de Coconino et j’en suis très heureux…

L’image "brute" se trouve
(c’est une acrylique sur panneau de 42×29,7cm)

Et l’on peut aussi cliquer sur:

Groupes n°1
Groupes n°2
Feuilles de Routes
Morceaux Choisis

pour retrouver mes portfolios chez CoconinoWorld…

Quelques petits problèmes de messagerie m’ont sûrement fait rater quelques mails. J’en suis désolé. Théoriquement, c’est réparé…

Elle me prend pour un autre…

il y a 18 ans


  On remontait tranquillement vers Saint Adresse. Elle avait mis des vieux trucs dans le mp3. Des morceaux de Mancini, et aussi de Peterson et Gillespie. On avait l’air fin, chacun une oreillette dans l’oreille, absorbés par la musique. En marchant elle a roulé une cigarette. Une fois léchée de son bout de langue rose et collée d’un geste expert elle me l’a tendue pour que je l’allume. J’ai, bien sûr, été surpris. On faisait comme ça naguère, mais il y a quand même des années que j’ai arrêté de fumer. Des fois, j’en suis sûr, elle me prend pour un autre… Sans doute pour celui que j’étais avant. On s’est assis ensuite devant cette maison-là parce que je voulais la dessiner. Elle s’est posée à côté de moi pour profiter d’Alone Together du vieux Dizzy. Puisqu’elle était là, je lui ai demandé de me tenir mon pot d’eau et ma soucoupe aux trois gouttes d’encre. Elle a rechigné, puis elle a cédé. Assez rapidement quand même elle a dit: "Allez, c’est bon, tu finiras plus tard…" J’ai voulu faire durer le plaisir mais elle m’a dévissé l’oreillette, est allée vider la flotte dans le caniveau et a posé la soucoupe sur  le bord du trottoir. Puis elle s’est tirée. J’ai trouvé que c’était une jolie fin. Qu’elle n’espère pas que je la rappelle…

 

Viens donc te plaindre toi là-bas!

il y a 18 ans

Viens donc te plaindre toi là-bas ! Approche … Viens dans mon bureau, je vais t’expliquer comment tout ça fonctionne… N’aie pas peur, nigaud, je vais pas te bouffer… Viens poser tes miches dans le fauteuil en mauvais tissu qui me fait face. L’odeur de mon eau de toilette te changera de celle de tes copains puent la sueur. Te laisse pas impressionner… Mon blazer, mon brushing et ma cravate à pois ne sont là que pour le décor… Reprenons tout depuis le début… Tu sais, j’entends bien tes plaintes et tes revendications, mais, pas de bol, je ne peux pas y faire grand-chose… Prends plutôt conscience de ta position de citron, t’auras compris quelque chose… Tu nous appartiens à moitié et tu as le cul posé sur le pointu de notre presse-agrume. Pas confortable hein ? Je te comprends… C’est un peu douloureux. On ne s’y fait pas vraiment. Moi, je suis la main qui t’enfonce et te fais tourner sur toi-même. Je me régale du bon jus qui coule, qui alimente notre belle productivité, nos profits, comme tu dis… Tu piges l’image ? T’énerve pas… De l’autre côté de cette main qui t’écrase il y a un bras puissant et un corps gigantesque qui pèsent de tout leurs poids sur nous deux. Je ne suis qu’un intermédiaire.  Pas grand-chose non plus… Mon rôle est de faire semblant de t’écouter, de voir ce que je peux tirer de toi, et de te jeter si je te sens usé, faible et fragile. Tu peux râler, pester, organiser ta défense ; puisque rien ne t’appartient tu perdras toujours. Nous sommes toi et moi dans un même système qui nous échappe, qui nous surpasse, et dont la volonté est plus forte que nous… Tu n’as aucun choix. Ne pas le reconnaître revient à gratter une blessure qui suinte déjà beaucoup trop… Réfléchis à tout ça et cesse d’espérer quoi que ce soit… Accepte la réalité comme elle est, tu gagneras du temps… Voilà, je t’ai tout dit… Faut que tu te tires maintenant. On traîne, on traîne et je vais être obligé de te décompter une heure… Ce serait moche d’en arriver là… Allez, vas-y, et n’oublie pas de dire aux camarades qu’il faut tenir les cadences…

 

 


Tu ne m’échapperas pas…

il y a 18 ans

Tu ne m’échapperas pas. Je resterai à côté de toi et je te surveillerai. Quand tu lèveras la tête tu rencontreras mon regard. Quand tu la détourneras je serai dans toutes tes pensées. Ainsi je pèserais beaucoup dans chacun de tes choix. Tes choix ? Ils me seront soumis. Sans mon agrément ils ne seront que des vœux insatisfaits. Tu me bouderas et je te sourirai. Tu me parleras et je t’écouterais. Pour chaque question que tu poseras j’aurai la réponse. Une réponse longue, fournie, détaillée, argumentée. Je chasserai les mauvaises émotions qui polluent les idées justes et d’un ton pondéré je te démontrerais la validité de mon raisonnement. Bien sûr, au début, tu auras peur de moi. Pour t’évader tu ne reculeras devant rien. Tu essaieras de me séduire et tu minauderas. Tu t’offriras puis tu te refuseras. Tu me mordras et tu me grifferas. Jusqu’à un certain point d’ailleurs je te laisserais faire sans jamais me servir de ma force, quoique je te la ferai sentir, crois-le bien. Tes angoisses seront terribles mais à force de patience nous les vaincrons ensemble. Si nous n’y parvenons pas tout à fait, si tu as toujours peur de mourir, je te forcerai à consommer de l’Equanil. Je te promets que malgré tes sueurs et tes tremblements tu t’endormiras. Un jour, dans un mois, dans un an peut-être, la quiétude reviendra. Tu ne me promettras plus la tempérance car tu auras perdu l’espoir de te soustraire à mon traitement. Quand le papillon aura cessé de battre des ailes entre la table et ma paume, quand j’estimerai qu’il peut revoir la lumière sans aller s’y brûler, quand enfin la vie aura repris toute son intensité je desserrerai mon étreinte bienveillante. Oui ma chérie, cet alcool qui danse dans le verre que tu portes à tes lèvres finira par se taire. Je vais enfin reprendre la main. À partir d’aujourd’hui c’est moi qui serais tout pour toi…

 

 Récapitulons encore…


Impudique…

il y a 18 ans


Chère Marcelle,

 

Vous voir chez vous… J’en avais le désir. Cette affaire-là aussi est maintenant derrière nous…

Sur le pas de votre porte vous m’avez paru plus grande que d’habitude. En ce début d’après-midi le noir et la lumière du jour vous allaient drôlement bien. De douces appréhensions flottaient. Un essaim de petites émotions tourbillonnait si vite qu’il échappe encore à toute mise en mots, en pensées (et puis, je n’ai pas envie du tout d’aller fouiller là-dedans. C’est bien plus troublant de laisser tout ça me bousculer encore un peu…) Chez vous ! C’était au-delà de ce que j’imaginais pouvoir m’autoriser il y a peu encore… Bien sûr,  je me suis senti gauche (le pompon ? quand j’ai mis le chinois à thé sur votre mazagran ! J’avais bien vu que vous buviez un drôle de café, mais j’avais l’esprit occupé à je ne sais quelle idée, envolée maintenant…) Oui, gauche et maladroit… Mais malgré tout je me sentais bien à ma place. Je veux dire que j’étais là où je devais être à cet instant précis… Puis cette visite guidée, ce tour du propriétaire (euh non, du locataire…), mes hésitations au seuil de votre chambre, que vous avez senties, vos paroles qui m’ont parfois fait sourire, votre façon de passer devant moi pour descendre l’escaler de bois et le bruit de votre grande jupe, quand vous l’avez attrapée, afin qu’elle n’entrave pas votre descente… Notre couplet quasi-rituel, mais justifié,  sur les difficultés de nos boulots respectifs, puis enfin notre vitesse de croisière… Les bouquins, les photos de Plossu, les mots calligraphiés, les dessins… Tout ce qui nous a précédé…Qui était là avant nous… Qui nous a lié l’un à l’autre…Que nous avons rattrapé… Vous, plus près de moi, et les voix mieux posées, et les pages ouvertes, offertes… Nous (je) aurions pu épuisé votre bibliothèque entière…

Je ne me lasse pas de vous. Ça me pose gentiment question, mais pour autant que ce puisse être un acte volontaire, j’ai décidé de ne pas m’en soucier autrement que pour m’en réjouir… vous voilà prévenue… Et d’ailleurs nous avons bien cherché cette étrange situation. Voilà, j’ai voulu vous faire ce petit mot ce soir, parce que demain il m’aurait échappé, peut-être même serait-il devenu impudique… On est si vite rattrapé par soi-même…

« A tout bientôt »  Je vous embrasse…

Pour le peu qu’il me reste…

il y a 18 ans
C’est fini maintenant, je veux qu’on me foute la paix. Cette journaliste, je ne veux plus la voir. C’est si loin cette affaire. Ça ne finira donc jamais ? A l’époque j’ai déjà tout dit au tribunal. J’étais juste payé pour emmener les enfants. J’allais les chercher à la pension Desvalleux et je les déposais chez le directeur. Je m’en souviens à peine de ces gamins-là. Sauf la petite, elle, je m’en rappelle un peu. Elle était drôlette. Elle ne parlait pas. Les deux gars n’étaient pas bien malins non plus. Je ne sais pas ce qu’ils allaient y faire chez le directeur. Je ne voulais pas le savoir. Ça ne me regardait pas. À l’époque j’avais les miens à nourrir, d’enfants. C’était juste après la guerre. Fallait se débrouiller et c’était bien payé. La journaliste, avec son sourire et ses photos, elle a beau jeu de venir m’emmerder. Je ne veux plus la voir. J’ai quatre-vingt-douze ans,  ici les infirmières sont gentilles avec moi. Tout est oublié maintenant. Faut pas que ça recommence. Moi aussi je vais crever. De toute façon ça les fera pas revenir les gamins. Faut qu’on me laisse. Qu’elle remballe son matériel et qu’elle retourne dans son journal… Je ne veux plus la voir… Qu’elle me fiche la paix… Pour le peu qu’il me reste…