
Il se rapprochait de moi en s’agrippant à la barre de cuivre du zinc. Bientôt nous serions coude à coude. Il louchait maintenant sur mes cacahouètes. C’était un de ces humiliés chroniques qui ne savent pas se taire. Et ça n’a pas manqué, il a dit tout de go en regardant les bouteilles de l’autre côté du bar, à mon adresse mais comme pour lui-même : « Une vie passée à vendre des milliers d’hectolitres de revêtement mural aux propriétés ignifugeantes pour rembourser une maison branlante, où vous avez logé une femme à demie effrayée par tout ce qui bouge, est une vie mal barrée. Ça ne doit plus durer. Il faut rompre cet engrenage, casser la chaîne des causalités, reprendre la main et cesser cette comédie en beauté… » Puis il s’est tourné vers moi avec un sourire inquiétant… « C’est pas vrai ? » qu’il a dit en levant le menton… Je n’ai rien répondu, trop occupé que j’étais à chercher une contenance, mais c’était déjà trop tard. Une demi-heure plus tard j’en savais trop et nous regardions ensemble sur son téléphone portable les photos de sa femme, de sa fille, de sa maison et de sa maîtresse, gironde, qui venait de le quitter…
Magnifique !… Je vais relire Flaubert…
Ouuh ! Particulièrement impressionnant.
Je ne suis pas sûr que Flaubert aurait apprécié de voir ce dessin associé à son Saint-Antoine (puisqu’il ne supportait pas l’idée d’être « illustré »), mais c’est très fort.
C’est un tableau de Bruegel qui a inspiré Flaubert pour écrire « La tentation de St Antoine » … , Dali aussi a peint « la tentation de St Antoine » …
Cette lutte avec le Diable , le bien et le mal a toujours inpiré les differents artistes dont les peintres . Tout comme vous .
Décidement , vous nous donnez envie de lire relire ce normand qu’est Flaubert et de connaitre St Antoine .
> Oh! Milène! mais ça faisait un drôle de bail que vous n’aviez pas laissé un commentaire sur ce blog! Je suis heureux de vous compter toujours parmi mes lecteurs… Et je vous souhaite beaucoup de plaisir avec cet écrit de Flaubert… Ce texte halluciné se déguste comme un alcool fort. Prudence: il est ennivrant et sublime… > Vous avez raison, François, il n’aurait pas apprécié! Il m’aurait alors peut-être honoré d’une belle gueulante (enfin s’il avait daigné jeté un oeil sur la représentation de sa tentatrice…) Le bonhomme était sanguin, colérique et puissant… son verbe dévastateur m’aurait régalé… Je ne me serais pas formalisé! peut-être même que je me serais risqué à aller lui tirer de nouveau la moustache… Vous ne savez pas comme je suis taquin… > Merci Pouchka de ces rappels… Le sujet est bien moins intéressant (enfin, moi, ces histoires-là, le bien, le mal, le diable et ses tentations, ce n’est pas ce qui m’enthousiasme le plus…) a priori que ce qu’en fait Gustave! L’on est saisi par la force des images que cet auteur génial fait naître… Je vous recommande aussi (mais vous le connaissez bien sûr) la lecture de son Saint Julien… là encore, c’est du costaud… Merci encore de vos passages…
Votre réponse Soluto (et je vous en remercie…), me fait penser à ce texte de Beaudelaire qui dit entre autre ceci : « Il faut être toujours ivre, tout est là; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre; il faut vous eniver sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, mais enivrez-vous ! » Alors si l’écrit de Flaubert se déguste comme un alcool fort, j’irai doucement… mais sans modération !
Bonjour, ou soir…
Je viens si souvent sur ce blog et depuis longtemps, souvent je lis et même relis des textes, d’abord par curiosité pour la première fois et puis toujours par plaisir.
Il est vrai que je n’ai jamais laissé de commentaire, pas très urbain je vous l’accorde M. Soluto, mais cette fois je me sents si fier d’avoir à en faire un. Je vais me justifier un peu, ça empli l’espace et puis ça soulage ma conscience. D’abord je n’osais pas commenter, par respect (mauvais mot) ou peut-être par courtoisie (pas terrible non plus)vis-à-vis de l’auteur et certainement par admiration (c’est mieux, je crois).
J’aime vraiment ces dessins, et la force, toute la force, celle qui me retient sur vos pages, elle vient du texte.
Si j’avais voulu faire court j’aurais dis que ça déchire sa race.