Tu t’en iras les pieds devant…

il y a 14 ans

 
Tu t’en iras les pieds devant
Tu t’en iras les pieds devant,
Ainsi que tout ceux de ta race,
Grand homme qu’un souffle terrasse.
Comme le pauvre fou qui passe,
Et sous la lune va rêvant,
De beauté, de gloire éternelle,
Du ciel cherché dans les prunelles,
Au rythme pur des villanelles,
Tu t’en iras les pieds devant. Tu t’en iras les pieds devant,
Duchesse aux titres authentiques,
Catin qui cherches les pratiques,
Orpheline au navrant cantique.
Vous aurez même abri du vent,
Sous la neige, en la terre grise,
Même blason, même chemise,
Console toi fille soumise,
Tu t’en iras les pieds devant. Tu t’en iras les pieds devant,
Oh toi qui mens quand tu te signes,
Maîtresse qui liras ces lignes,
En buvant le vin de mes vignes,
A la santé d’un autre amant,
Brune ou blonde, être dont la grâce,
Sourit comme un masque grimace,
Voici la camarde qui passe.
Tu t’en iras les pieds devant. Tu t’en iras les pieds devant,
Grave docteur qui me dissèques,
Prêtre qui chantes mes obsèques.
Bourgeois, prince des hypothèques,
Riche ou pauvre, ignorant, savant,
Camarade au grand phalanstère,
Vers la justice égalitaire,
Nous aurons tous six pieds de terre.
Tu t’en iras les pieds devant.
Maurice Boukay (1866-1931)
Il arrive parfois qu’une même idée, qu’une même envie donnent quelques dessins qui se ressemblent. On ne s’étonnera pas de trouver des similitudes entre celui-ci et celui de l’avant dernier post…

 

Justement elles en causaient, des vacances…

il y a 14 ans

 

Tout ça pour vous dire que moi aussi, parce que j’ai été sage et que j’ai bien travaillé, je pars voir ailleurs si le soleil ne pourrait pas me rosir les arpions…  J’emmène mon bloc… On sait jamais…

Allez, la grosse bise qui claque et à bientôt… (J’ai bien travaillé, mais je ne suis pas riche et je ne pars pas très longtemps… De toute façon trop longtemps, trop loin de mes crayons et de mes pinceaux, je deviens grognon et c’est pas bon pour mon image…) 

 

Des farces à maman…

il y a 14 ans


  

« On l’a vu refaire des farces à maman, lui acheter des fleurs coupées ou des fruits rares, la prendre dans ses bras pour la faire tourner très vite. Plus souvent qu’avant Suzanne et moi nous sommes retrouvé chez Rita…Ils se payaient des petites sorties en tête à tête, cinoche et restau, ou bien spectacle. Le soir il prenait le temps de s’asseoir au bord de notre lit et nous racontait des histoires fantaisistes pour nous faire rigoler. Un jour que nous étions à l’école il a changé tous les meubles de place… »

 

 

Quelques lignes retrouvées dans un carnet pour un texte dont j’avais sans doute le projet, mais dont j’ai perdu le souvenir, pour accompagner le dessin  d’aujourd’hui fait à partir d’une photo de mes parents en 1977…

 

 

 

 

 

 

 

 

Quoi?! Quoi?! Qu’est-ce qu’il dit?! Hein? Quoi?? Il dit quoi?… C’est dingue ça! On comprend ri’n à qu’est-ce qu’i’ dit!!!

il y a 14 ans


  Messieurs Lucien Képol et  Géronte Lefebvre, vendeurs d’avenirs à bas prix pour quelques uns qui n’en veulent pas…

Depuis que son corps devenu parfois embarrassant montre ses trahisons (pas assez beau, trop grand, trop petit, trop gras, peau enflammée et rougissante, pas assez conforme à la tyrannies des canons du moment), depuis que ses désirs, liés à sa sexuation, le contraignent à chercher de quoi se satisfaire dans une rencontre  toujours périlleuse avec l’autre, depuis qu’il sait que l’enfance, dont il est encore pleinement habité, est révolue, depuis qu’il accède au sentiment de finitude (que ce qui est aujourd’hui peut ne plus être demain), depuis qu’il a accès à une pensée douée d’abstraction et depuis que l’insécurité ambiante complète comme un écho ses propres questionnements existentiels (discours critique sur son orientation scolaire, sur ses performances, sur son projet professionnel et sur un avenir par définition incertain), le jeune sait trop bien que le monde des adultes, vers lequel il tend inexorablement, n’est pas la promesse d’épanouissement que voudraient bien lui vendre ses parents qui n’y croient plus beaucoup — ni non plus d’ailleurs la société toute entière qui l’attend et le redoute. En quelque sorte on ne lui refera pas le coup du père Noël…

A ses yeux, bien souvent, il n’y a plus vraiment de cadeaux à venir.


Renée…

il y a 14 ans


Grande, forte, teinte en acajou, les yeux soulignés de poches, c’était Renée, la doyenne de l’endroit. Ses lèvres, charnues et rouges, accentuaient la blancheur de sa denture puissante et remarquablement plantée. Elle portait une robe étroite, fendue sur le côté, qui se tendait sous la poussée des fesses.

 

Pierre V. Lesou (Coeur de Hareng  – 1958)